Nos services

Analyse et évaluation du dossier médical de votre proposition d'adoption remis par votre agence ou organisme d'adoption

Par le médecin : Dr Jean-François Chicoine MD Pédiatre

Note: ce service professionnel est également disponible pour les parents de l'Europe ou tout autre pays à l'International. De plus, nous offrons un service "TRAITEMENT URGENT" pour les demandes aux délais plus courts.


Cette consultation professionnelle avec le Dr Chicoine, vous permet de faire analyser le "dossier médical" que votre organisme d'adoption vous soumet en pré-adoption. De plus, cette consultation médical permet également de vous guider et de mieux vous "outiller" dans votre prise de décision face au choix de vouloir adopter ou pas l'enfant qui vous est proposé en adoption.

Nous offrons ce service pour tous les pays d'adoption, par exemple: Fédération de Russie, Kazakhstan, Ukraine, Bulgarie, Madagascar, Chine, Vietnam, Cambodge, Philippines, Corée du Sud, Thaïlande, Haïti, Pays d'Afrique, Pays d'Amérique du Sud et plusieurs autres pays d'origine.


PHOTO: LMEA Jean-Francois Chicoine, un bébé, Tavinh, Vietnam

Mise à jour : Juillet 2018



L'évaluation médicale préadoptive est un des services spécialisés que nous offrons aux parents. Cette consultation professionnelle permet de faire analyser une proposition d'enfant en préadoption, de guider les postulants et de mieux les outiller dans leur prise de décision. L'évaluation préadoptive nous apparaît comme une étape essentielle pour l'accueil plus éclairé de l'enfant dans sa famille adoptive, d'autant plus importante en présence des propositions d'enfants dites "à besoin spéciaux".

Comment faire une demande d'analyse médicale :


Veuillez dans un premier temps communiquer par courriel avec Mme Julie Leblanc à l'adresse suivante :
julieleblanc@lemondeestailleurs.com
    également, voir les étapes de la procédure à suivre ici-bas...

 

Étapes de la procédure à suivre :


1- Communiquer avec Mme Leblanc dans un premier temps pour faire la demande d'ouverture de votre dossier

2- Lire attentivement les documents que nous vous ferons parvenir par courriel

3- Accepter les frais des services et nous faire parvenir le document complété

4- Nous faire parvenir par courriel votre proposition d'adoption (rapport médical, scans, tests de laboratoire, photos, vidéos, et autres do cuments que vous jugez pertinents)

5- Une fois tous les documents reçus, l'analyse sera faite par notre équipe médicale

6- Un rendez-vous téléphonique avec les parents et le Dr Jean-François Chicoine est ensuite fixé pour discuter des résultats de l'analyse médicale de votre proposition d'adoption


Note : Lors du rendez-vous téléphonique avec le Dr Chicoine, les parents peuvent alors poser leurs questions générales ou spécifiques sur l’état nutritionnel, la croissance, les infections, le développement psychoaffectif, moteur, cognitif et adaptatif de l’enfant à adopter. En fonction des documents disponibles et des pays d’origine, les analyses de laboratoire et les radiographies disponibles sont également discutées.

Information supplémentaire :

De bonnes connaissances générales des parents en matière d'adoption sont évidemment un atout essentiel à la bonne compréhension de la proposition. Ces enseignements s'obtiennent par des lectures sur le WEB, par jumelage avec des familles adoptves, en assistant à des conférences ou à des cours en préadoption par des professionnels de l'enfance, aussi en contactant les principales associations de parents adoptants, et notamment au Québec, l'Associationfamilles Québec-Asie (AFQA), la Fédération des parents adoptants du Québec (FPAQ) et, en France, Enfances et familles d'adoption (EFA).


Voici la liste des agréments délivrés par le Ministère de la Santé et des Services sociaux des organismes du Québec agréés en adoption internationale et pays d'origine où des inscriptions d'adoption sont possibles / pas possibles.

Compléments : Commentaires, entrevues et articles à lire ou à écouter
Commentaires de la part d'un couple de parents adoptants, Août 2014 - Info

CBC Radio - The Current, Vancouver, BC, Entrevue de Johanne Lemieux : Info
Understanding Attachment Disorder: One mother's difficult story of adoption

Entrevue avec Dr Jean-François Chicoine & Mme Johanne Lemieux
Lire l'article suivant par Isabelle Hachey : La Presse 16 juin 2014 - Info

Autres articles de Isabelle Hachey de La Presse sur le même sujet :

Rupture d'adoption: retour à l'éditeur, 17 juin 2014 - Info
Adoption: un rêve qui a mal tourné, 17 juin 2014 - Info
Adoption: "Les parents devraient être préparés", 18 juin 2014 - Info

 À l'émission Salut, Bonjour! à TVA, regardez l'entrevue de "Quand l'adoption tourne au cauchemar"
avec Ève-Marie Lortie et Dr Jean-François Chicoine, 18 juin 2014 - Info



Information complémentaire pour les futurs parents adoptants : " À lire attentivement " !


PRINCIPES GÉNÉRAUX DE L’INTERVENTION MÉDICALE AVANT L'ADOPTION


Adapté de « L’enfant adopté dans le monde (en quinze chapitres et demi) » de Jean-François Chicoine, Patricia Germain et Johanne Lemieux aux Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, Montréal (Québec) Canada, 2003


Dans les années 1990, peu de parents en processus d’adoption consultaient un médecin pour lui demander son avis sur la santé de l’enfant à adopter et sur les dispositions familiales à prévoir pour mieux répondre à ses besoins et à ses droits. Mais de plus en plus d’entre eux souhaitent maintenant le faire. De fait, on note que la demande des parents en attente d’enfant pour des consultations médicales avant l’adoption est à la hausse, partout en Europe et en Amérique du Nord. C’est souhaitable et attendu, d’autant que de plus en plus d’enfants prématurés, âgés ou porteurs de handicaps sont dorénavant proposés aux adoptions nationales et internationales. Pour chacun de ces enfants, il faut trouver une famille, non seulement disposée à adopter et compétente, mais également une famille capable de prendre en charge UN enfant en particulier.


En aucun cas le parent adoptant ne devrait être contraint de faire de sa démarche un processus essentiellement caritatif qui, sous prétexte de grandeur d’âme, le priverait de professionnels de la santé aptes à le conseiller et à prendre en charge les délicates questions susceptibles de survenir à tout instant. L’adoption n’est pas un acte humanitaire, c’est un humanisme porteur pour l’enfant et ses parents adoptifs.


En Europe, les œuvres d’adoption et les professionnels de la santé ont longtemps hésité à emboîter le pas, prétextant que l’accueil de l’enfant devait être comme un don de soi à l’autre et que, peu importe la maladie, anticipée ou découverte a posteriori, le parent adoptant agréé devait accepter la différence. Le postulat européen a longtemps prétendu, non sans raison, qu’une évaluation sous toutes ses coutures d’un candidat à l’adoption procédait plus de la consommation que de l’ouverture parentale.  Aux États-Unis, une toute autre attitude aura mené au meilleur de l’apparentement comme aux pires abus de marketing d’enfants. Soulignons le meilleur :  les évaluations médicales nord-américaines des examens physiques et de laboratoire effectués à l’étranger auront heureusement permis non seulement d’éclairer des familles adoptantes sur la teneur de leur projet de vie familial, mais également permis de prévoir une guidance appropriée de la prise en charge des particularités physiques et mentales de l’enfant à accueillir. Par exemple, il faut prévoir ici l’intervention du physiothérapeute, là celle de l’orthophoniste, ou peut-être encore faut-il songer à déménager pour permettre l’accès à un centre de soins ultra-spécialisés.


En recentrant l’intérêt de l’évaluation médicale en préadoption sur le point de vue de l’enfant plutôt que sur celui de ses parents, il devient possible alors de contourner judicieusement les impasses morales ou immorales. Il suffit de se rendre compte qu’une évaluation médicale précoce permet l’adoption de candidats qui, autrement, en raison de leurs différents antécédents, n’auraient pas passé le test à l’immigration ou au sein de leur famille potentielle : par exemple, un enfant atteint d’une infection tuberculeuse moins contagieuse qu’il n’y paraît au départ, d’une maladie cardiaque finalement facilement opérable ou encore d’un trouble de comportement envisagé comme un défi par des adoptants éducateurs qui sont outillés pour intervenir positivement dans ce cas. L’évaluation médicale se situe alors dans une sorte de continuum souhaitable avec l’évaluation psychosociale (agrément) antérieurement réalisée. 


L’évaluation médicale en préadoption permet aussi d’éviter des échecs prévisibles, en permettant à des enfants autistiques ou présentant des troubles d’opposition, quasiment impossibles à prendre en charge en dehors d’un cadre institutionnel, de continuer à grandir dans leur patrie d’origine, de ne pas tout perdre en quelque sorte, ce qui est leur droit le plus fondamental


Si, à l’étude de foyers réalisée par des psychologues ou des travailleurs sociaux, selon les lois des pays d’accueil prévues à cet effet, on ajoute des nouvelles informations sur la santé des orphelins dans les pays d’origine, cela éclaire souvent de réalisme le projet d’adoption des familles venues consulter le médecin : risque relatif de VIH/SIDA au Cambodge, risque du syndrome d’alcoolisation fœtale en Russie, risque de trouble d’attachement lorsqu’il est question d’adopter un grand enfant.

Par ailleurs, l’évaluation particulière d’un candidat à l’adoption à partir d’une documentation médicale écrite, de photos ou de vidéos, s’avère beaucoup plus périlleuse et subtile à réaliser que la simple transmission de connaissances sur le profil géographique de telle ou telle maladie. Il est généralement préférable que cette évaluation se fasse auprès d’un pédiatre expérimenté en adoption internationale.


La notion de risque

On se doute que le rôle du médecin consulté en préadoption ne consiste pas à révéler si l’enfant est bon ou mauvais, mais bien à souligner les meilleurs et les pires scénarios à envisager pour votre famille et à mettre de l’avant vos propres capacités de prendre en charge les points mis en lumière par le dossier médical : par exemple, l’hépatite B, la fente labio-palatine ou un retard développemental de modéré à sévère.  Dans un même état d’esprit, il faut réaliser que l’évaluation de la documentation concernant votre enfant potentiel ne devrait en aucun cas être confondue avec la démarche diagnostique qui accompagne l’examen traditionnel.  Cette consultation n’est pas événementielle, elle n’a d’autre but que d’ouvrir des pistes, tantôt rassurantes, tantôt inquiétantes.  On en appelle ici à la notion de risque.  En opposition avec le caractère réel de l’événement, la notion de risque permet d’avancer l’éventualité que certains faits et gestes surviennent, advenant l’adoption par votre famille de l’enfant proposé dans la documentation. Nos sociétés contemporaines ont horreur des risques. Il ne s’agit pourtant pas de les nier, plutôt de les maitriser avec tout ce qui est humainement et scientifiquement possible à mettre de l’avant.

 

Les risques reliés à l’institutionnalisation

Si la mère biologique n’avait pas eu de problèmes, elle aurait gardé son bébé pour elle. Si l’institution était un milieu de vie épanouissant pour l’enfant, on l’aurait certainement laissé grandir là.  En fait, si l’enfant est ultimement confié à l’adoption internationale, c’est parce que sa situation est mauvaise ou pas idéale.  Le parent adoptant ne doit donc pas se surprendre de constater que le passage de l’enfant d’un continent à l’autre lui permet également de transporter dans son bagage cérébral tout un passé de souffrances plus ou moins prégnantes et ce, peu importe l’évaluation de son dossier médical en préadoption.  La qualité des soins n’est pas nécessairement en cause.  Le risque auquel on fait ici référence est inhérent à l’abandon et à ses conséquences institutionnelles plus ou moins directes: la faim, le froid, les cris, l’air vicié, la solitude, la dépression et tout le reste.  Quoi qu’on y fasse, le passé pourra toujours avoir des effets sur l’état de santé de l’enfant. Cela est incontournable et n’empêche pas, dans plusieurs cas de figure, la résilience, le remodelage cérébral, la prise de poids et ainsi de suite. Tous les enfants adoptés vont demeurer blessés, mais tous ne seront pas fracturés.


Les risques reliés au dépistage diagnostique

Les risques qu’un enfant soit porteur de telle ou telle maladie sont tributaires d’une série de facteurs qui vont de la géographie aux circonstances de son abandon. À cause de la fréquence de la maladie dans son pays d’origine, un enfant adopté au Mexique, par exemple, risque moins de souffrir d’une hépatite B qu’un autre adopté au Vietnam.  À cause des circonstances de la vie, un enfant qui a perdu ses parents de manière accidentelle risque moins de souffrir d’un trouble d’attachement que celui qui n’aura jamais connu de figure aimante.  Ces réalités mises à part, le parent qui adopte doit se rendre compte que plusieurs diagnostics handicapants pour l’avenir de l’enfant ne peuvent être faits qu’à des âges plus avancés, souvent même bien après l’arrivée dans le pays d’accueil.  L’évaluation médicale en pré-adoption n’est pas un acte divinatoire, c’est un exercice professionnel servant à identifier certains problèmes, mais pas tous les dangers que court un être humain.


Les risques reliés au poids de naissance

De tous les risques capables d’influencer le destin d’un enfant adopté, il en est un qui est partagé par tous les enfants du monde: c’est celui du poids de naissance.  Un nouveau-né ayant vu le jour à Alger ou à Stockholm est petit parce qu’il est né avant terme ou parce que sa maman et lui ont été mal nourris au cours de la grossesse ou pour ces différentes raisons. Plusieurs des problèmes attribués à l’abandon et à la carence en soins et en affection sont en fait tributaires d’une seule et même réalité: le poids à la naissance.  Si l’enfant est frêle, s’il présente un jour un déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, s’il souffre à l’école de dyslexie, ce sera avant tout à cause de son trop petit poids à la naissance.  On le dit trop peu: choisir d’adopter, c’est en quelque sorte courir le risque de devenir délibérément parent d’un enfant prématuré ou de petit poids.


Les risques reliés à la documentation

De toutes les évaluations en pré-adoption, ce sont celles d’Europe de l’Est qui, selon notre expérience, demandent le plus de travail aux équipes professionnelles consultées.  De fait, les dossiers antérieurs y contiennent toute une terminologie nosologique inhabituelle pour le médecin occidental: “oligophrenia”, “disbacteriosis”, “hydrocephalic syndrome”, “dysembryogenesis”.Les parents et des consultants moins expérimentés peuvent s’inquiéter à tort et bien inutilement.  À la lecture du dossier écrit, sur les photographies ou au visionnement de la vidéocassette, des feux rouges (Ex. : abus d’alcool chez la mère biologique, qualité de jeu anormale) ou verts (bon développement du langage) sont possibles à mettre en relief.

 

Les risques reliés aux particularités

De Chine, du Vietnam, du Kazakhstan, d’Ukraine, des enfants sont proposés à des familles avec des risques particuliers qui nécessitent absolument une guidance médicale. On pense par exemple aux cardiopathies, aux enfants albinos, aux enfants qui nécessiteront urgemment une chirurgie plastique ou générale. Tous les bons parents adoptants ne peuvent pas prendre en charge les besoins énormes de ces enfants, mais plusieurs parents le peuvent. Un système de classification respectant les besoins des enfants et les attentes des parents est proposé selon un arbre décisionnel.

 

L'EXCEPTION CHINOISE
LA LISTE D'ENFANTS DITS "À BESOIN SPÉCIAUX" / DITE "LA VOIE RAPIDE / FAST TRACK"

Par Jean-Francois Chicoine, pédiatre, CHU Sainte-Justine/ LMEA juin 2010


L’adoption d’enfants à besoins spéciaux, doublement spéciaux devrait-on dire car l'adoption est déjà bien spéciale, des enfants en provenance de la Chine, la « réservation » d’un candidat à l’adoption à partir d’une liste commune partagée sur Internet par différents organismes d’adoption, la réponse rapide attendue des futurs adoptants dans un délai de 72 heures, et ce, dans un contexte ou l’apparentement d’enfants devrait pourtant se faire avec énormément de tac et de subtilité, bref, cette situation de fait impose aux sociétés d’accueil une façon chinoise de faire qui est en porte à faux avec l’éthique médico-sociale propre à l’adoption et à la pédiatrie familiale occidentale.

 

Pour les parents forcés à respecter la démarche, il devient alors essentiel de prévoir à l’avance le besoin éventuel d’une évaluation de projet de vie en un temps record auprès de leur médecin de famille, par exemple. Pour ce faire, les adoptants éventuels sont donc invités à se préparer administrativement et humainement à l’avance, voire à consulter une autorité médico-sociale spécialisée pour discuter de leurs attentes et de leurs limites face aux handicaps qu’ils se sentent aptes à délibérément choisir.

 

La pédiatrie de comptoir 

De plus en plus de décisions d’adopter tel ou tel enfant chinois se font dorénavant, et malheureusement, au hasard d’une rencontre, dans un couloir d’hôpital ou entre deux appels, sans que soit jauger les capacités parentales à s’occuper de tel enfant, sans possibilité de rencontres avec des tiers parents déjà forgés à des enfants porteurs de maladies apparentées, sans même que soient appréciées les composantes plus objectives du dossier, notamment le poids de naissance, le périmètre crânien ou les composantes développementales transmises à l’examen effectué par les autorités chinoises.

 

Selon nos disponibilités, la préparation des parents à l’adoption, le type de besoin spécial à encadrer, il nous est parfois possible d’accompagner les parents dans « l’urgence adoptive » exigée par les autorités chinoises. Nous faisons "avec", mais non sans modulations et exigences. De fait, cette consultation médicale préadoptive n’est pas toujours jouable en raison des délais inhumains exigés par la Chine, en raison de nos disponibilités, parce que les documents fournis sont prérimés ( ex. l'enfant a été examiné il y a plus de 6 mois) et en raison de l’imaginaire et des attentes parentales plus ou moins bien arrimées à tel ou tel handicap de l’enfant. Car attention: bien parenter un enfant à besoins spéciaux est tres different de pouvoir l'adopter plus vite parce qu'il a des besoins spéciaux.

 

Comme citoyens de leur pays d’origine, les chinois sont en mesure d’exiger ce qu’ils attendent de leurs enfants. Comme pays d’accueil, nous sommes en mesure d’apparenter, d’encadrer et d’avoir des attentes pour nos enfants et nos familles. J'invite les associations famililes à revendiquer ce droit.

 

L'ÉVALUATION MEDICALE PRÉADOPTIVE EN EUROPE ET AUX ÉTATS-UNIS

Par Jean-Francois Chicoine, pédiatre et Johanne Lemieux, travailleuse sociale, un extrait de "Pratiques en adoption internationale: Comment franchir le rubicon américano-européen", paru dans Prisme, Montréal (Québec) Canada, 2006


Pendant longtemps en France, la question de l’évaluation de la santé de l’enfant adopté est restée, non seulement négligée, comme ponctuellement au Québec, mais carrément taboue : « parce qu’elle fait peur », mais aussi « parce qu’elle est susceptible de déranger tout le monde- la société, les pouvoirs publics, les futurs parents » fait remarquer Janice Peyre, présidente actuelle d’Enfances et familles d’adoption (EFA), la plus grande association de parents adoptants en Europe.

 

Au début des années 2000, un séminaire d’EFA auquel nous participions, démarre d’ailleurs dans la controverse. On se demande alors si, en France, on a le droit de parler publiquement de la santé de l’enfant adopté? Là-bas, la question de l’avortement pour motif thérapeutique ou du placement en vue d’adoption d’un enfant handicapé tel l’enfant trisomique est généralement empreinte de sympathie et de compréhension par le personnel soignant des maternités. Mais le discours ouvert visant à démontrer qu’un futur parent adoptif souhaiterait avoir un enfant en bonne santé n’est pas encore parfaitement convenu. Le geste d’adoption n’est pourtant pas une action humanitaire, c’est une action pour un enfant en recherche de famille non pas pour le sauver, mais bien pour le parenter. Une action empathique au-dedans de soi, non une preuve de sympathie au dehors de soi.

 

Aux États-unis, Dr Margaret Hostetter, Dr Jerry Jenista, Dr Dana Johnson, Dr Laurie Miller parlent ouvertement de santé de l’enfant adopté à coup d’articles scientifiques et de colloques depuis la fin des années 1970. Au Québec, le sujet gagne en importance vers la fin des années 1980. Des publications de la clinique de santé internationale influencent directement nos milieux cliniques et conduisent à des changements de procédure. En France, 25 ans après les États-Unis, le sujet est non seulement peu documenté, sinon notamment par J.J. Choulot de Pô ou de Jean de Monleon de Dijon, mais il n’a pas encore droit légitime de cité. Ce sont les associations parentales qui « autorisent » la thématique. Les universitaires ne s’y intéressent que peu, sinon, et, en contrepartie avec beaucoup d’avancées scientifiques, uniquement sous l’angle de la filiation et de la psychopathologie. Il aura d’ailleurs fallu attendre jusqu’en 2005 pour que l’Association des pédiatres de langue française ajoute le sujet de l’adoption internationale au programme de son congrès

 

C’est face à ce décalage, et en toute collégialité, que les associations parentales et des responsables politiques européens font signe à nos équipes, bien avant les milieux de soins ou les milieux académiques. Les freins éthiques face à l’adoption à l’étasunienne sont évidents, mais notre francophonie leur semble un atout. Le fait est que la recherche en pédiatrie sociale ou familiale pour laquelle les États-unis ont une avance considérable n’a absolument pas pénétré dans le discours européen francophone. Un certain anti-américanisme y est de bon aloi. Nous devenons donc en quelque sorte le messager de pratiques développées dans le monde anglo-saxon.  Nous avons peu à leur apprendre sur les soins psychiques spécialisés- nous apprenons beaucoup d’eux d’ailleurs- mais nous échangeons en priorité avec eux sur les techniques comportementales de mise en famille. En Belgique notamment, notre principe d’évaluation médicale des enfants a été récemment discuté par le ministère de la famille de la Wallonie avant d’être présenté et entériné comme modèle d’accueil et de soins pas les équipes médicales et psychosociales ciblées par le politique. La Convention de la Haye stipule effectivement la nécessité de l’engagement bilatéral des partis à faire de la mise en famille un succès. En accord avec nos principes éducatifs, l’adoption internationale trouve les enfants perdus avant que les professionnels soient appelés à guider les nouveaux parents à retrouver les enfants dans leurs similitudes et leurs différences adoptives.

 

Recentrer l'évaluation

L’idée de procéder à des examens de santé en pré-adoption – pour dépister des paralysies cérébrales sévères – à des investigations biologiques – pour dépister l’hépatite B, la syphilis congénitale ou le VIH/SIDA – et qui plus est, l’idée d’obtenir des vidéos ou des photographies au cours de la démarche pré adoptive-pour se faire une idée du développement psychomoteur de l’enfant- est d’abord jugée par nos interlocuteurs européens comme irrecevable, en Suisse tout particulièrement où le dépistage du VIH en pré-adoption se trouve, sinon interdit, une pratique découragée. Non sans certaines raisons, le postulat européen a longtemps prétendu qu’une évaluation sous toutes ses coutures d’un candidat à l’adoption procédait plus de la consommation que de l’ouverture parentale. En la matière, les conséquences pour la famille adoptive, la fratrie, les services de santé sont pourtant extraordinairement importantes, de nombreuses études ayant démontrées l’importance et la complexité de l’éclairage professionnel pré-adoption qui dépasse les limites de l’avis des responsables bénévoles des OAA. 

 

En recentrant toutefois l’intérêt de l’évaluation médicale en préadoption sur le point de vue de l’enfant plutôt que sur celui de ses parents, il devient possible de contourner judicieusement les impasses éthiques et les dangers du merchandising d’enfant- d’ailleurs nouvellement nommé l’Adoption safari. Il suffit de se rendre compte qu’une évaluation médicale précoce permet aussi l’adoption de candidats qui, autrement, en raison de leurs différents antécédents, n’auraient pas passé le test à l’immigration ou risqueraient de « débarquer » dans des familles mal outillées à leurs besoins particuliers. L’évaluation médicale en pré-adoption permet aussi d’éviter des échecs prévisibles, en permettant à des enfants autistiques ou présentant des troubles de conduite ou porteur du syndrome d’alcoolisation fœtale ( SAF), difficiles à prendre en charge en dehors d’un cadre institutionnel, de continuer à grandir dans leur patrie d’origine, de ne pas tout perdre en quelque sorte.

 

Arrimer les capacités

Il ne s’agit pas de poser «un label de qualité» sur l’enfant. Il s’agit plutôt d’arrimer les capacités parentales aux défis post-adoption de l’enfant à adopter, comme cela se fait pourtant quotidiennement en adoption nationale au Québec autant qu’en Europe. L’enfant de l’étranger serait donc si distinctif à parenter, toujours sur le mode plus facile?  Certains parents sont incapables de tenir compte des blessures d’abandon; la plupart ont la disponibilité nécessaire de s’ajuster à la réalité post-adoption, mais seulement une minorité d’entre eux peuvent également prendre en compte des handicaps sévères tout en tenant compte des deuils inhérents au triangle adoptif. Comme le préconise le Service social international, dans certaines situations, le placement familial peut constituer la solution permanente la plus appropriée pour l’enfant.

 

Dans le non-dit, la tentation eugénique et ses dérives paraîtraient problématiques dans le discours d’interdiction français. Alors qu’au Québec, cette tentation apparait à toute fin pratique comme un non-lieu. L’impossibilité de se penser parents d’un enfant lourdement handicapé pourrait être vue comme le prolongement du processus de sélection naturelle, du souci archaïque et non formulé d’assurer au-delà de sa propre existence, la survie de son clan, de son espèce, envers et contre les aléas de la nature. « Cet instinct » quand il est exploité par des idéologies, précise encore Janice Peyre,  dérive vers l’eugénisme, la sélection et l’élimination des individus selon des critères que des pseudo-savants ont cherché à présenter comme «scientifiques » ».

 

LA CAPACITÉ DU CERVEAU DE L'ENFANT À ETRE ADOPTÉ

Par Jean-Francois Chicoine, pédiatre, extrait des Annales des entretiens internationaux de Montpellier, France 2004


Bien que dénutris, infectés ou diminués à leur arrivée dans un pays d’accueil, les enfants de l’adoption internationale vont pour la plupart récupérer avec une vitesse qui force l’admiration et les limites du biologique. Mais à une condition, une condition qui devrait inspirer tous les les soignants, tous les thérapeutes, tous les enseignants, tous les éducateurs et tous les chercheurs.Cette condition est qu’on reconnaisse clairement les besoins de base de leurs cerveaux privés de sens, négligés, maltraités, traumatisés ou, dans le meilleur des cas, blessés, car déjà séparés du cerveau et du "coeur" d'une maman..

 

Il n’y pas de famille heureuse sans « mise en famille ». Le repas en famille, les rituels de famille, l’adaptation puis ultimement l’attachement à la famille précèdent la mise en marche de la machine identitaire. C’est qu’il nous faut pouvoir intervenir précocement sur les défis et les problèmes diagnostiqués puis encadrés par les professionnels. Il nous faut guérir les  enfants de leurs déficits nutritionnels, de leurs infections et de leurs maladies, sinon amenuiser les déficits à prévoir en accompagnant les arrivants en orthophonie, en nutrition, en hépatologie, en travail social, et ainsi de suite, selon l’identification judicieuse de leurs besoins.

 

Se donner le pouvoir scientifique, parental, social et politique de parler de la santé du cerveau des enfants adoptés, se donner se pouvoir de compassion et d’expertise, c’est permettre aux enfants adoptés d’aller au-delà des blessures du passé pour permettre le futur,  mais sans nier leur présent.

 

Vous les parents adoptants

Vous les parents adoptants, vous devez devenir les premiers répondants du « sauvetage » du cerveau de votre enfant en vous entourant de professionnels qui auront les mêmes convictions.

 

Il vous faut d'abord y croire, ensuite peaufiner vos connaissances puis intervenir tant au niveau de la nutrition, de la stimulation sensorielle que de l'éveil des parties affectives du cerveau de votre nouvelle recrue. C'est votre merveilleux défi, une responsabilité qui ne peut être ni passive -Bof, il est comme ça, c'est tout et on l'aime ainsi- ni simplement réactive- Bon laissons le temps passer et puis on verra bien ensuite- mais absolument pro-active. Il en va de son avenir, du vôtre et de celui de toute une société.

 

Question de faire de l’enfant adopté un citoyen de premier ordre.

BESOINS SPECIAUX ET DOCUMENTATION INSATISFAISANTE

Par Jean-François Chicoine, pédiatre & Johanne Lemieux, travailleuse sociale, Le monde est ailleurs, Qc., Canada, 1 février 2012


Comment gérer le risque, dans le risque, et ne pas trop s’exténuer devant tant d’impalpabilités?


« On n’avait pas coché cela », « on aurait dû cocher cela », « on aurait dû assister à la rencontre sur le comment mieux cocher », se demandent les postulants que nous recevons.


L’image d’Épinal des prétendues classifications en « besoins spéciaux » est certainement devenue celle de la Chine où les autorités requièrent des parents désireux d’adopter un enfant « atypique » ou, le plus souvent, impatients d’accélérer la démarche adoptive,  d’identifier sur une liste prête à cocher à l’avance, leurs préférences d’âge, de sexes et de singularités de santé subjectivement acceptables, parfois vérifiables et utiles à savoir (ex. fente labiopalatine, paralysie d’un membre), mais, au final,  également empreintes d’une vision totalement subjective des besoins, car bien culturelle ( ex. « tache de naissance moins notable ailleurs qu’au visage ») , d’où la vacuité partielle de l’exercice et l’incapacité relative de réaliser un apparentement social et médical totalement compétent quand la proposition cherrera. 


Se retrouve aussi inventoriés, puis proposés par la Chine, des candidats à l’adoption avec des particularités mineures, mais traditionnellement réprouvées (ex. hémangiome au visage), des caractéristiques esthétiques (ex. doigt surnuméraire isolé) ou des conditions de santé prévalentes et documentées chez l’ensemble des orphelins chinois avec ou sans besoins spéciaux préalablement reconnus (ex. malnutrition, retard de développement léger, prématurité, rachitisme) rendant du coup obsolète leur identification soi-disant particulière en « besoins spéciaux ».


Dans la foulée, les parents ouverts à la différence « plus » sont uniformément confrontés à une énumération de conditions corrigibles (ex. cryptorchidie), le plus souvent contrôlables par des unités spécialisées (ex. hépatite B, infections urinaires à répétition, eczéma sévère), mais parfois aussi très, ou trop complexes dans un contexte adoptif (ex. hermaphrodisme), voire extrêmement sévères (ex. paraplégies, hydrocéphalie, thalassémies majeures) ou d’ordre humanitaire ( ex. retard mental, trisomie 21). Au-delà d’un contexte caritatif, qui n’est d’ailleurs pas celui de la grande majorité des adoptions, au final ces conditions sont notamment associées à des espérances de vie diminuées ainsi qu’à des besoins hospitaliers tertiaires ( ex. transfusions sanguines mensuelles) ou quaternaires ( ex. greffe hépatique) supposant des sacrifices pour la fratrie, des déménagements de la famille en centre urbain, des services scolaires adaptés ainsi que des couts de santé plus ou moins remboursés par les différents coussins de sécurité sociale nationaux.


D’autres pays y vont de leurs propositions particulières auxquelles doivent s’ajuster les postulants, par exemple des enfants essentiellement grands en Ukraine- ce qui encore malheureusement perçu comme facilitant par de nombreux parents ; des enfants nés de mère séropositive au Vietnam, mais dont les tests PCR se sont avérés négatifs — ce qui ne nous apparait pas comme des enfants à besoins spéciaux; et d’autres conditions spéciales adressées aux parents eux-mêmes, exclusion des adoptants obèses en chine, des diabétiques aux Philippines — ce qui confine à l’absurde les volontés résiduaires d’apparentement songé.



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