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Photo LMEA: Mise en ligne de AAA, Paris, 2002

À l’occasion de l’inauguration du portail « Abandon, Adoption, Autres mondes » à l’adresse www.meanomadis.com dans le cadre du colloque européen sur l'adoption organisé par « Enfance et familles d'adoption » (EFA), le Délégué général du Québec M. Clément Duhaime a eu le plaisir d'inviter la présidente d'EFA, Mme Danielle Housset ainsi que différents collaborateurs, amis, journalistes et membres des associations vouées à la cause des enfants du monde et de la jeunesse internationale.

 

La réception a eu lieu le jeudi 7 novembre 2002 à 18 h à la Délégation générale du Québec à Paris, rue Pergolèse. Ce jour là, était mis en ligne le Portail Abandon, Adoption, Autres mondes. Les événements scientifiques ou du domaine des sciences sociales mettant étroitement en collaboration la France et le Québec ne sont pas si fréquents. Avec la sortie de son portail dédié à la cause et aux droits des enfants abandonnés, adoptés ou migrants, Le monde est ailleurs,entendait bien en faire un premier lieu francophone possible d’échanges, de recherches et de dialogues autour de ces questions sensibles.

Lors de son discours introductif, Mme Danielle Housset, présidente de Enfance et Familles d’Adoption a su, comme elle sait si bien le faire, bouleverser l'auditoire par la profondeur de sa vision de l'enfance et la générosité de son amitié Franco - Québécoise.

Franchir physiquement les frontières

« Monsieur le Délégué général, je tiens à vous remercier chaleureusement de me faire partager la joie de cette inauguration. Et je tiens, en tout premier lieu à vous féliciter d’avoir accepté que cette manifestation se tienne ici, en France, à la délégation du Québec.

 

Ce portail, fruit du travail passionnant sans doute, mais surtout passionné et acharné de Jean-François CHICOINE et Rémi BARIL, et qu’ils offrent au monde francophone, ne pouvait se satisfaire même des grands espaces du Québec. Il aurait suffi qu’ils nous fassent connaître une adresse Internet pour aller le visiter ! Mais c’est tout un symbole qu’ils aient choisi de traverser l’Océan et de franchir physiquement les frontières. C’est tout un symbole que Vous ayez souhaité que cette manifestation ait lieu, ici, aujourd’hui.

 

La santé des enfants délaissés est un des aspects essentiels de la création que nous allons découvrir. Aujourd’hui nous sommes à la veille de l’ouverture du 1er colloque que « l’adoption et la santé ” et ce serait un immense honneur si vous-même, Monsieur le Délégué Général,  ou quelques-uns de vos collaborateurs acceptiez en nous rejoignant samedi, de partager l’émotion et les idées. Lors de notre congrès, le portail « Abandon, Adoption, Autres Mondes » qui n’est pas qu’un “ site ” parmi tant d’autres, s’ouvrira sur un monde “ ailleurs ”, sur un monde que nous souhaitons meilleur.

 

Il existe quelques sites intéressants sur l’Adoption. Il y a beaucoup d’adresses électroniques permettant aux postulants à l’adoption du monde entier d’être aidés dans leurs démarches administratives. Il se crée tous les jours des pages nouvelles ou des listes de discussion… où le premier venu a autant de poids qu’un chef de gouvernement… ou qu’un trafiquant d’enfants : il lui suffit d’avoir le temps de se connecter et des doigts assez agiles pour taper sur un clavier! Il existe des sites magnifiques sur la plupart des pays de la planète et sur la plupart des nations qui le peuplent. Mais si on se trompe d’adresse, on se retrouve tout aussi bien dans une chasse interdite à l’éléphant que sur le dernier réseau néo-nazi. Tout, et n’importe quoi donc sur la Toile. Mais rien sur l’abandon! Et c’est vraiment ce qui, personnellement, m’a attiré en premier lieu vers ce portail.

 

Jean-François, Rémi, votre approche originale de l’adoption, rétablie dans son contexte humain, entre abandon et culture sociale, permettra de faire circuler dans l’ensemble des pays francophones une certaine idée des liens nécessaires à l’enfant pour “ grandir ”, et des connaissances nécessaires à l’adulte pour l’y aider.

 

Vous abordez l’abandon non comme un stigmate, en ne l’analysant pas comme valeur morale, mais comme un fait qu’il convient d’examiner à la lumière de l’état d’une société particulière à un moment donné : nous y voyons une chance de ne pas culpabiliser les enfants sur un moment de déshérence de leur vie, leur permettant de se reconstruire mieux. C’est une chance aussi de ne pas culpabiliser certains parents ou pays de naissance, qui reconnaîtront en d’autres lieux, en d’autres temps, les raisons qui les font renoncer à des parentés impossibles ou impensables.

 

En rétablissant par ailleurs la circulation des enfants dans les repères historiques et sociaux d’un pays, on autorise ces enfants abandonnés et leurs futurs parents à ne pas dénaturer, voire dénigrer les pays de naissance, qui resteront, peu ou prou, une part de l’histoire d’origine : les « instantanés » de vos « autres mondes » dévoileront leurs particularismes culturels que trop souvent les parents ont du mal à appréhender lors de voyages physiquement et psychologiquement éprouvants, tant les craintes se mêlent aux émotions des premières rencontres.

 

Quant au volet même de l’adoption qui semble aux parents et aux enfants une histoire de cœur, aux psychiatres une construction identitaire et aux juristes une affaire de droit, vous avez su par votre approche de la compréhension des besoins vitaux de l’enfant la faire valoir sous ses multiples et complexes facettes.

 

Solitaires de l'amour

C’est donc avec enthousiasme que nous avons applaudi à votre projet lorsque nous nous l’avez présenté au printemps. Ce n’est heureusement pas de l’argent que vous veniez chercher auprès de nous! Bien que nous soyons sans doute la plus ancienne et la plus importante des associations de familles adoptives, Enfance et Familles d’Adoption ne compte pas sa richesse en monnaie sonnante et trébuchante. Notre richesse réside dans les milliers d’enfances auxquelles nous avons cru, et que nous avons effectivement croisé!

 

Ces enfants d’ici et d’ailleurs, solitaires de l’Amour, ont forgé notre association, l’ont fait grandir, nous montrant jour après jour, année après année, que nous ne nous trompions pas : rien ne remplace des parents, même s’ils sont de remplacement.

 

C’est ce témoignage de notre vécu et de nos actions que venaient demander Rémi et Jean-François. Comme ils allaient en chercher, d’autres, ailleurs, à la quête de partenaires reconnus, explorant tous les domaines : médical et psychologique, historique et social, philosophique et quotidien.

 

Ils offrent aujourd’hui, au monde francophone, le meilleur de la connaissance et de la recherche. Il nous offre aussi leur travail… et leur âme : en effet, ce n’est pas le fruit du hasard si une telle réalisation nous vient du Québec.

 

Une renaissance en terre inconnue

Le vieux continent est encore trop empreint de son histoire, de sa gloire ancienne et de sa toute-puissance passée. Il faut sans doute avoir abandonné la terre de ses ancêtres, s’être vu abandonné par eux, avoir du presque renoncer à ses racines, à sa langue, avoir résisté pour renaître, pour parler bien de l’abandon. Il faut sans doute avoir été la terre de départ, la tête de pont entre le Royaume de France et la Louisiane pour ne pas être écartelé entre la France et les États-Unis, pour être le lien  entre l’Europe et l’Amérique, pour partir à la découverte du monde, ailleurs…

 

Et il faut avoir une première histoire douloureuse et enfouie, une renaissance en terre inconnue, et s’enrichir des deux pour parler bien de l’Adoption.

 

C’est sans aucun doute ce que portent en eux Jean-François Chicoine et Rémi Baril.

 

C’est ce que vous portez en Vous, et qui vous rend si chers à nos yeux. »

Danielle Housset, présidente de Enfance et Familles d’Adoption

Paris, France, le 7 novembre 2002

 

 

Photo Julie Paquet Invitation de AAA à la délégation, Paris 2002

Sur la photo: enfant au Yemen

 

 

 

 

Photo LMEA: Mise en ligne de AAA, Paris, 2002

Sur la photo: Remi Baril, Daniele Housset & Clément Duhaime,

délégué général

 

 

Photo LMEA: Mise en ligne de AAA, Paris, 2002

Sur la photo: Dorinda & Brendon Cavanaugt de Terre des Hommes Canada

& Esther Rhéaume

 

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