Notre parole

Ressouces/ Developpement, comportement & identité

 

Le monde est ailleurs présente ici son choix de livres, de films, dévédés, de sites WEB traitant du développement sensori-perceptif, moteur, cognitif, langagier, socioaffectif, identitaire de l’enfant et de l’adolescent ainsi que des comportements aux differents ages de la vie.

 

 

GUIDES PRATIQUES ET ÉDUCATIFS

 

 

ATTENTION, ENFANT SOUS TENSION! LE STRESS CHEZ L’ENFANT de Germain Duclos.

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2011, 146 pages, ISBN 978-2-89619-418-6

Abordant les contextes stressants chez l’enfant de même que les multiples impacts qui en découlent, cet ouvrage très actuel fournit aussi d’efficaces stratégies pour aider l’enfant (et ses parents!) à mieux gérer le stress et à s’y adapter afin de profiter pleinement de chaque moment de la vie.

Éditions du CHU Ste-Justine 2011

 

Attention, enfant sous tension!

 

AIDER À PRÉVENIR LE SUICIDE CHEZ LES JEUNES 2e édition de Michèle Lambin

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2011, 346 pages, ISBN 978-2-89619-196-3

 

L’ENFANT ET LES ÉCRANS de Sylvie Bourcier

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2011, 196 pages, ISBN 978-2-89619-253-3

 

MATHILDE RACONTE de Francine Ferland

Éditions du CHU Sainte-Justine, Montréal, Québec, Canada 2010- 120 pages-ISBN 9782896191994

 

 

 


 

Il est fascinant d'accompagner un enfant dans son développement, au jour le jour. Toutefois, en tant qu'adulte, on ne comprend pas toujours ses réactions, ses réflexions et sa façon de percevoir les événements du quotidien. Mathilde nous donne ici accès à l'univers de l'enfant d'âge préscolaire, donc de 3 à 5 ans, grâce au journal qu'elle tient dans sa tête... cette enfant de 4 ans, particulièrement éveillée, nous fait connaître tour à tour sa famille, sa meilleure amie, son amie imaginaire, ses grands-parents, son quotidien à la  maison et à la garderie et bien d'autres aspects de sa vie. À chaque section de son journal, des commentaires éclairants de l'auteur - qui comptent pour une bonne part du livre ‐ sur sa façon de parler et de percevoir le temps, ses cauchemars, ses difficultés à saisir l'origine des bébés et le fonctionnement du corps permettront de mieux comprendre Mathilde et, à grâce à elle, de saisir la perception du monde environnant qu'a l'enfant d'âge préscolaire. Une occasion unique d'entrer dans l'univers extraordinaire d'un jeune enfant !

Éditions du CHU sainte-Justine, 2010

 

Depuis des années, je suis fasciné par le manuscrit « in progress » de Francine Ferland. Après avoir accompagné la publication de premiers extraits sur le WEB, je découvre enfin, avec les lecteurs, Mathilde en un seul morceau. Du coup, je me permets de renouer avec la joyeuse perversion éducative de Francine. Parents et éducateurs, laissez vous tenter par l’expérience de son livre. Vous y verrez une innovation pédagogique et une percée respectueuse du monde secret de l’enfance. "Mathilde raconte", c’est un peu Cria Cuervos de Carlos Saura, mais sur le mode de la normalité. Bravo pour cette joyeuse perversion éducative

Par Jean-François Chicoine, pédiatre, Le monde est ailleurs, Montreal, mai 2010

 

 

L’AGRESSIVITÉ CHEZ L’ENFANT DE 0 À 5 ANS de Sylvie Bourcier

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2008, 220 pages, ISBN 978-2-89619-125-3

 

LA DISCIPLINE, UN JEU D’ENFANT de Brigitte Racine

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2008, 136 pages, ISBN 978-2-89619-119-2

 

RACONTE-MOI UNE HISTOIRE : POURQUOI ? LAQUELLE ? COMMENT ? de Francine Ferland

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2007, 144 pages, ISBN 978-2-89619-116-1

 

ACCOMPAGNER SON ENFANT PRÉMATURÉ : DE LA NAISSANCE À 5 ANS de Sylvie Louis

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2007, 216 pages, ISBN 978-2-89619-085-0

 

ENFIN JE DORS… ET MES PARENTS AUSSI d’Evelyne Martello

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2007, 120 pages, ISBN 978-2-89619-082-9

 

TOUT CE QUE VOTRE BEBE VOUS DIRAIT…S’IL POUVAIT PARLER de Annette Karmiloff-Smith & Kyria Karmiloff

Traduit de l’anglais, Éditions Caroll & Brown limited, Londres 1998

Les arènes, Paris, France 2006

 

LE GRAND MONDE DES PETITS DE 0 À 5 ANS de Sylvie Bourcier

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2006, 168 pages, ISBN 2-89619-063-5

 

LA SEXUALITÉ DE L’ENFANT EXPLIQUÉE AUX PARENTS de Frédérique Saint-Pierre et Marie-France Viau

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2006, 200 pages, ISBN 2-89619-069-4

 

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT AU QUOTIDIEN de Francine Ferland

Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, Montréal, Québec, Canada, 2005, 234 pages

 


 

Le livre de Francine Ferland, ergothérapeute et professeure émérite à l’université de Montréal, est un petit bijou qui rend les différentes sphères du développement d’un enfant accessibles et concrètes tant pour les parents que pour les professionnels appelés à travailler avec des tout-petits."Quoi de plus fascinant que d’observer et de vivre au jour le jour le développement d’un enfant! Le présent ouvrage a une double originalité : d’une part, il aborde le développement dans toutes ses dimensions et, d’autre part, il met l’accent sur les séquences plutôt que sur les âges. " L’ouvrage de Francine Ferland peut être lu d’un couvert à l’autre ou encore être consulter au besoin des événements du quotidien.

Patricia Germain, infirmière, Trois-Rivières, Qc., Canada, février 2010

 

ET SI ON JOUAIT ? LE JEU DURANT L’ENFANCE ET POUR TOUTE LA VIE Nouvelle édition revue et corrigée de Francine Ferland

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2005, 280 pages, ISBN 2-89619-035-X

 

RESPONSABILISER SON ENFANT de Germain Duclos & Martin Duclos

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2005, 200 pages, ISBN 2-89619-033-3

 

MUSIQUE, MUSICOTHÉRAPIE ET DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT de Guylaine Vaillancourt

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2005, 184 pages, ISBN 2-89619-031-7

 

COMPRENDRE ET GUIDER LE JEUNE ENFANT : À LA MAISON, À LA GARDERIE de Sylvie Bourcier

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2004, 168 pages, ISBN 2-922770-85-0

 

LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT AU QUOTIDIEN : DU BERCEAU À L’ÉCOLE PRIMAIRE de Francine Ferland

Éditions du CHU Ste-Justine, Montréal, QC, 2004, 240 pages, ISBN 2-89619-002-3

 

 

ESSAIS & OUVRAGES ACADÉMIQUES

 

ENFANCE ET SOCIÉTÉ d’Erik H. Erikson

Éditions Delachaux & Niestlé, Collection Actualités Pédagogiques et psychologiques,

Neuchâtel, Suisse, 1959 Réédition 1982

ISBN : 2-603-00457-3

 

 

Consacrée à l'enfance, cette étude tend à rechercher les racines du moi dans l'organisation sociale, à préciser les relations du moi dans la société. Quelle que soit leur structure, les sociétés utilisent la formation de l'enfant pour élaborer les types particuliers de l'homme adulte mais n'en restent pas moins obsédés par des peurs irrationnelles dont les racines plongent précisément dans les caractéristiques de l'enfance.

Éditions Delachaux & Niestlé, 1982

 

 

FILMS & DVD

 

GABRIELLE de Louise Archambault, Québec, 2013, 103m

Une jeune fille charismatique atteinte d’un syndrome de William s’amourache d’un jeune handicapé intellectuel qui l’un de ses compagnons de chorale.

Un bon film. JFC

 

L’ENFANT D’EN HAUT de Ursula Meier, France,2012, 97 m.

Simon, 12 ans, fait le va et vient entre le bas, un HLM qu’il partage avec sa sœur, et le haut, une station ski ensoleillé où il vole skis, mitaines et lunettes des touristes.  

Un très bon film. JFC

 

LE GAMIN AU VÉLO de Luc & Jean-Pierre Dardenne, Belgique, 2011, 85m.

Un enfant abandonné par son père en centre d’accueil amorce des liens significatifs avec une tutrice capable d’amour inconditionnel.

Un très bon film. JFC

 

POLISSE de Maiwenn, France, 2011, 127m.

À Paris, des policiers de la brigade de protection des mineurs la luttent contre les abus et les sévices commis sur des enfants : pédophilie, maltraitance, dérive sexuelle et ainsi de suite. Prix du jury, Cannes 2011

Un très bon film. JFC

 

JO POUR JONATHAN de Maxime Giroux, 2010, 80 m.

La complicité de deux frères mésadaptés à leur banlieue glauque

Un bon film. JFC

 

LES CHORISTES de Christophe Barratier, France/Suisse, 2004, 95 min

En 1949, la rééducation douce et dure d’adolescents qui trouveront leur fierté à travers une chorale.

Un bon film. JFC

 

ETRE ET AVOIR de Nicolas Philibert, France, 2002, 104 m.

Une année scolaire avec un instituteur et sa calsse d'éleve. THE documentaire...

Un film documentaire remarquable. JFC

 

CHICKEN RUN / POULETS EN FUITE de Peter Lord et Nick Park

Grande-Bretagne, France, États-Unis -- 2000

Dans une basse-cour, un coq fait preuve de courage et de résilience.

Un très bon film d'animation. JFC

 



Chicken Run/ Poulets en fuite est un dessin animé fait de figurines en pâte à modeler inventées par les créateurs de génie des personnages de Wallace et Gromit. Si vous ne connaissez pas, dites-vous bien qu’il y a une vie à part celle que vous menez… et précipitez-vous sur leur travail. La « chose » est déjà distribuée sur vidéocassette. Alors, vous aurez juste à la réchauffer. Malgré quelques passages à vif, le film s’écoute en famille....Comme ça, si les adultes ne comprennent pas, ou pas tout, les enfants leur expliquent...Pour leur talent et leurs inventions singulières, ces Anglais pétris d’humanité que sont Nick Park et Peter Lord ont été maintes fois récompensés, voire oscarisés. Leur film de poulet est à la hauteur de leur réputation. Grands et petits y trouveront des leçons de chose sur l’estime de soi, le dépassement et l’occasion de discuter en famille de stratégie de survie. Décidément, il y est question de résilience.

En 1950, dans le Yorkshire, Ginger, une poule progressiste se trouve révoltée d’être confinée à son poulailler anglais transformé pour les besoins de la fable en camp de concentration allemand. Il faut dire que la propriétaire de la basse-cour, la très antipathique Mrs Tweedy, force les cocottes à pondre beaucoup, à défaut de quoi elle leur tranche la gorge. Sympa. De son coté, la courageuse poule Ginger est éprise de liberté et aspire à transcender sa condition de volatile conscrite. Chaque jour, elle essaie sans succès de s'évader de la ferme par des stratégies référencées qui ne sont pas sans rappeler celles de "La grande évasion". Ses espoirs reprennent vie lorsqu'un coq états-unien du nom de Rocky, atterrit dans la basse-cour. Ginger voit alors en ce Steeve McQueen le sauveur de toutes ses copines poules. Pour ces dames, le fanfaron arrive à point : afin d’améliorer les profits de la ferme, Mrs Tweedy, dévorée par un innommable appât du gain, a fait l’acquisition d’une machine à fabriquer des pâtés au poulet. Toutes les petites sont menacées de passer à la casserole…Décidément, les poulettes de Chicken Run font tant dans l’anthroporphisme qu’ils vont jusqu’à avoir des dents. Et leurs sentiments sont d’une telle dignité qu’ils vous coupent toute envie de manger du poulet, en barbecue, en « doigt de… », en pâté et surtout pas avec le "gravy" de Mrs Tweedy.

Pour l’amour des cocottes, le soir du visionnement, il faut prévoir un plat végétarien. On explique aux enfants pourquoi on fait exception. Le lendemain, s’ils continuent de refuser de la viande, on se précipite chez leur pédiatre.

Jean-Francois Chicoine, pédiare, Le monde est ailleurs, 2005

 

ÇA COMMENCE AUJOURD’HUI de Bertrand Tavernier, France, 1999, 119 m.

Un enseignant français en « zone prioritaire » et les adolescents à qui il enseigne.

Un très bon film. JFC

 

MA VIE EN ROSE d’Alain Berliner, Belgique, 1997, 88 m.

Ludovic, 7 ans, est persuadé d’être une petite fille.

Un bon film. JFC

 

FERROVIPATHES (TRAINSPOTTING) de Danny Boyle, 1995, 94 m.

Les hauts et les bas d'un jeune héroinomane d'Édindinbourg et de son groupe d'amis

Un très bon film. JFC

 

L'ARGENT DE POCHE de Francois Truffaut, France, 1976, 104 m.

La vie des enfants de la ville de Thiers à la fin de l'année scolaire nous fait découvrir les bonheurs, tracas, peines et misères du quotidien

Un bon film JFC

 

MON ONCLE D'AMÉRIQUE d'Alain Resnais, France, 1980, 125 minutes

L'observatoire clinique des récations adaptatives d' hommes et de femmes par la narration et le commentaire d'Henri Laborit

Un film remarquable. JFC

 

 

 

 

« La seule raison d’être d’un être c’est d’être. C’est-à-dire de maintenir sa structure, se maintenir en vie. Sans ça, il n’y aurait pas d’être. »…Ni de film, puisque voilà le propos du prologue, ainsi que le ton général, de cet oncle-là, qui s'introduit dans l'oeuvre de Resnais, comme un autre chapitre bavard, mais fort original.

Premier temps. De la pipe, du bol à soupe, de tant d'objets sujets à une succession de plans fixes, on parvient à l'homme qui s'anime, articulant son vécu aux actes du présent. À travers cela, l'analyse des attitudes de Jean, Janine et René, intelligences (ou marionnettes) à la merci d'une quatrième, Henri Laborit, une sorte de maître à penser et à agir, qui, avec le recul permis par le montage, fouille, non sans fierté, l'inconscient d'autrui. Cela donne une manière de narration et des êtres pour l'actionner.Second temps. Une femme qui fend l'eau vers une île. Un homme. Un rat dans une cage. Si le parallèle est en mesure de déplaire ou de paraître inapproprié, il ne peut néanmoins qu'amuser. L'homme n'est plus ici ce prétexte primaire à boire ou copuler, il devient aussi interaction, fuite ou lutte, comme la bête de laboratoire malmenée par le choc électrique. Et lorsque ses actions dérogent aux normes sociales, il refoule, le discours proposé débouchant ainsi sur le stress ou autres maux de civilisation, notamment le plus ultime d'entre tous, le suicide. Troisième temps. Nos actes ne dépendent finalement que de structures organiques sous - jacentes. Une meilleure compréhension de ces dernières permettrait-elle de maîtriser davantage nos conduites et nos guerres? Dernier plan du film : un arbre peint sur un mur extérieur, ni plus ni moins qu'un ensemble de briques. Du collectif à l'individuel, faisant de la paix et de l'Oncle d'Amérique, l'affaire de chacun.

La cinématographie de Resnais est si percutante qu'elle réussit à enchaîner, au fil d'un montage d'une souplesse extrême, des éléments apparemment aussi disparates qu'une roue de bicyclette, un regard de sanglier et un exercice de voltige intellectuelle sur les malheurs d'un rat. Mais il y a plus ici qu'une suite d'idées au son du commentaire de Laborit. À travers des réactions d'hommes qui s'aiment ou se haïssent, c'est aussi de poésie qu'il s'agit, celle par laquelle la banalité d'une image ou d'une action sans éclat finit par composer un tableau à l'impact artistique total. Ainsi donc, bien loin de l'annonce d'un contenu théorique, le choix même du titre Mon Oncle d'Amérique vient plutôt faire référence à cette sorte d'espoir impalpable, cette foi dans le futur, qui anime les êtres que nous sommes.  Sans modèle de réussite, sans ambition, l'homme évolué serait-il justifié à continuer de se développer dans des schémas comportementaux déterminés? L'Oncle d'Amérique, un eldorado de l'inconscience.

Et il y a aussi Henri Laborit, directeur du laboratoire d'eutonologie de l'hôpital Baucicaut à Paris, auteur d'ouvrages sur le comportement humain en situation sociale, biologiste, jouant  de  philosophie, avec un art de dire les choses. Ses propos, à la fois avant-gardistes et vieillots, nous parviennent dans un amalgame ingénieux de divers travaux de recherche, pas nécessairement les siens, tous plus ou moins remodelés pour brosser une toile bien pensée qui risque au moins de plaire à l’esprit. Des rongeurs de Pavlov, à travers la théorie de la fuite de Cannon, pour finir sur la psychosomatique d'Alexander, sans qu'un seul d'eux ne soit même mentionné, on assiste au traitement Laborit, sauce poétisée, de science et d’art, n'hésitant pas à réduire la sociologie humaine aux déboires d'un animal perdu.

En terminant, soulignons l’exemplaire direction d’images et de scènes, le choix si personnel d’interprètes.  Nicole Garcia, personnalité dont le charme surprend en douce. Gérard Depardieu qui, pour une fois, ne domine pas la situation.  Et Roger Pierre, que tonalité de voix et technique de jeu enveloppent d’un caractère inhabituel. Une tricherie intellectualisée? Sans nul doute, une entreprise de séduction qu'on se doit de voir. À chacun son oncle d'Amérique. Celui-là nous vient d'Europe.

Jean-Francois Chicoine, Comité de rédaction, Extrait de la revue de cinéma Séquences, 1980

 

 

VIDEOS & WEB

 

 

LE BÉBÉ EST UNE PERSONNE de Bernard Martino, France, TF1, 1984

 

 

 

 

« Ça veut dire déjà qu’un bébé il entend tout, il comprend tout » entend-t-on de la bouche d’un enfant dans « Le bébé est une personne », une série de télé française diffusée au milieu des années 1980. À l’époque, ces films réalisés par Bernard Martino, et aujourd’hui vieillis comme du bon vin sur support VHS, bousculent les idées reçues d’un large public en révélant avec panache les résultats des recherches sur les compétences innées du nouveau-né. J’ai l’occasion de voir ces films alors que je termine ma résidence en pédiatrie sur Paris.

J’avoue avoir été impressionné par la qualité de la vulgarisation médicale qu’on y trouvait, peut-être même m’être alors dis que le métier d’éducateur était un vrai métier. C’est dire l’influence des images sur une carrière. Apparait dans les documentaires, Françoise Dolto, bien sûr, mais aussi un des plus grands éducateurs imaginables, le pédiatre américain T. Berry Brazelton dont l’échelle d’évaluation comportementale du nouveau-né date de 1973. Au moment où l’Europe francophone le découvre enfin, notamment avec ces documentaires ainsi qu’avec les magazines grand public destinés aux parents, le point de vue révolutionnaire de Brazelton a non seulement déjà conquis des milliers de développementalistes Américains, mais s’est avéré une méthode privilégiée d’éducation parentale, des médecins s’étant aperçus que le fait de présenter aux parents les diverses capacités sensorielles et motrices de leur nouveau-né,  contribuait à déclencher en eux une compréhension intime des signaux précoces de leur enfant. Le principe éducatif est simple : mieux comprendre ce à quoi on assiste comme nouveaux parents magnifie les sensibilités, autrement dit les capacités à lire dans la tête du bébé afin de mieux prévoir ses besoins.

Dans les années 1980, les freins européens à l’approche Brazelton se font malheureusement vite sentir, comme vingt ans plus tard, se feront entendre d’autres freins, ceux-là contre la théorie de l’attachement. De tout temps, l’éducation à la santé à l’anglo-saxonne n’a pas eu le bonheur évident sur l’hexagone. Ah! La résistance de la vieille garde défensive, poussive, oserais-je dire. La peur de la « Macdonalisation », me confie une psychanalyste suisse, la médecine dite « de sirop d’érable » peut-on lire ailleurs. On reproche alors à Brazelton, son audace nord-américaine et son appétence pour le son show-business, pourtant bien de circonstance, puisqu’il s’agit alors de mieux convaincre le tout grand public de l’intérêt d’observer les bébés pour ce qu’ils sont, et non pour ce qu’on pense qu’ils devraient être. Aussi, si les psys francophones admettent les faits à l’émergence du bébé-sujet, ils peinent par ailleurs à resituer ces schèmes de compétence dans leur univers psychanalytique. D’autres y voient une menace, totalement futile à mon avis, celle, futile je dis, folle je devrais dire, que le bon peuple confonde « compétence de l’enfant » et « enfant parfait » et qu’il en résulte une déification de l’enfance. Plusieurs aussi, soyons réalistes, vont envier Brazelton, jalouser son génie enveloppé de dilettantisme. Sommité aux États-Unis, sa contagiosité ultérieure auprès des maternités et des mères Françaises va heureusement faire des perdants parmi les gardiens d’une certaine manière traditionnelle de faire.  On peut souhaiter pareil avenir au sort actuellement réservé à la théorie de l’attachement mise de l’avant par l’anglais John Bowlby et les fermetures francophones encore aujourd’hui bien vivantes auprès des inflexibles.

Je vous invite à voir ou à revoir « Le bébé est une personne », pour ce qu’il est et aussi, parce que pour une des premières fois donc, du moins d’une manière aussi fascinante, et aussi virale- je rappelle qu’Internet n’existait pas- les familles et les enfants de la francophonie étaient collectivement invités à voir « comment ça se passe dans le ventre » et tout droit sorti de lui, notamment à apprécier les talents auditifs précoces des enfants qui naissent.  Comment calmer un bébé en colère au seul son de sa voix d’adulte, comment éveiller un grand prématuré à l'amour de sa mère, les images parleraient à tous les publics de ce qu’il était grand temps qu’ils sachent tous. Plus qu’une question d’information, c’était alors une question de santé publique. C’est souvent pareil avec les sujets qui cassent la baraque. Des années avant, personne n’y aurait cru : le bébé humain était communément perçu comme un tube digestif, on n’aurait pas imaginé qu’il puisse être doublé d’un microphone. On n’avait plus qu’à s’aplaventrir sur la merveille : à sa naissance, un bébé reconnait très exactement sa mère par la voix humaine et coutumière qui sort d’elle. Sa mère lui parle, puis il tourne la tête. Tout simplement. C’était, ça devenait, ça demeure irréfutable.

Vous trouverez ces « vieux » films sur de vielles cassettes vidéo. Peut-être sans le consentement des auteurs, ils trainent également sur U-Tube. Des livres ont également été tirés de cette expérience éductaive. Quoi qu’il en soit, le bébé est et « Le bébé est encore une personne »

Jean-François Chicoine, pédiatre, Le monde est ailleurs, 2014

 

 

 

Derniere révision: Mars 2014

 

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