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APPRENTISSAGES/ADOPTION

CONGRÈS ANNUEL DE L’AQETA 2012

Difficultés, troubles & marginalités d’apprentissage chez les enfants adoptés

 

Par Jean-François Chicoine

Montréal, Qc, Canada, mars 2012

 

 

Malgré leurs blessures, les ruptures et les flous filiatifs, au-delà de ces séquelles ou de ces « autrement » de vie, les enfants adoptés, souvent bien étayés par un sac d’école parental riche et volontaire, sont capables de grands succès académiques. Pour les parents, les éducateurs et tout l’écosystème autour, la première enfance des arrivants, ainsi que les années de latence, sont l’occasion de « racheter » le malheur, de profiter en quelque sorte de la plasticité cérébrale, des activités de neurogénèse et d’élagage neuronal, pour renverser, peu ou prou, les effets délétères de la négligence et de la malnutrition sur le développement, notamment sur ses versants cognitifs et socioaffectifs. Malheureusement, les succès ne sont parfois que lacunaires.

 

Des problématiques neurocognitives ou neuropsychologiques – image d’Épinal : les troubles d’attachement — se retrouvent d’abord chez ceux qui ont vécu longtemps en orphelinat, multiplié les ruptures, chez ceux venus d’Europe de l’Est et chez les orphelins qui n’auront pas trouvé une famille adoptive capable d’amour inconditionnel. Les récentes publications nord-américaines et d’Europe du nord confirment également la prévalence des difficultés et des troubles d’apprentissage observés dans la clinique de l’enfant adopté. Du côté des difficultés : l’insécurité affective, des retards d’autorégulation, la peur du rejet, le manque de motivation intrinsèque, les conflits de loyauté, les attentes parentales irréalistes ainsi que les déficits en jeu libre, des conditions qui justifient souvent une prolongation de la maternelle ou des accompagnements adaptés dans les premières années du primaire. Parmi les problématiques spécifiques répertoriées, solitaires ou contingentes : les troubles d’intégration sensorielle — nettement sous-estimés —  les troubles attentionnels et mnésiques, le TDAH— d’ailleurs trois à quatre fois plus fréquent en adoption que dans la population générale— ainsi que différents troubles spatio-temporels ou d’abstraction.

 

Ces différences adoptives— des « options » vous dira ma consœur Johanne Lemieux- non anticipées par de nombreuses familles, faute d’outillage et de formation préalable à l’adoption, doivent être reconnues et prises en charge, autant par le pédiatre, ses parents que par le professeur. L’enfant, pour sa part, a déjà beaucoup à faire. À cet âge, le passage de la pensée concrète à la pensée logique le conduit vers une recherche fondatrice, celle de ses racines. Tandis que sa famille et les professionnels de la santé et de l’éducation se préoccupent de sa scolarité, il réalise enfin, VRAIMENT, qu’il est adopté : c’est là sa belle marginalité. La reconnaitre, c’est déjà l’aider, mais comment faire plus encore dans le respect de ses droits les plus fondamentaux? Au risque de troquer une négligence préadoptive dans son pays d’origine pour une négligence postadoptive dans son pays d’accueil.

 

 

EXTRAITS CHOISIS DE LA PRÉSENTATION DU DR JEAN-FRANCOIS CHICOINE

 

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