Les curriculums

 

Georgette Duchaine, notre amie et collaboratrice est décédée le 17 avril 2012 des suites d'un cancer qu'elle titillait depuis plus de 4 ans avec sa fierté, ses débordements, ses amitiés et son imagination fulgurante.

 

Combien de jours Jonas a-t-il vécu dans la baleine ?  C’est un détail de l’histoire que j’ai oublié. Grand-maman me l’avait racontée lors de notre visite aux baleines du Saguenay.

Georgette Duchaine, Extrait de "Petite", inédit 2012

 

Georgette était scénariste et conseillère pédagogique depuis quatre décennies. Après un bac ès-arts chez les Ursulines de Québec et un diplôme à la Sorbonne, elle fait une maîtrise à l’université Concordia de Montréal. Dès sa sortie de l’université, elle travaille pour le Ministère de l’Éducation à écrire des scénarios dont les sujets sont des plus variés. Cette polyvalence lui permet dès lors de toucher à tous les styles : documentaire, fiction, télévision de commande.

En 1990, elle fait partie de la collection Fictions 16/26 avec « Le Visiteur ». Depuis, elle scénarise des projets d’auteur en documentaire et en fiction. En 1994, elle reçoit la bourse du Conseil des Arts du Québec en scénarisation. En 1998, elle reçoit une aide à la scénarisation de la SODEC pour une fiction, « Le Voyageur », et en 1999 pour un long métrage, « Rédemption ». En 2003, son travail l’amène à la Terre de Baffin et à Bangkok.

Ces dernieres années, en plus de nous donner son oreille attentive et son appui indéfectible sur nombre de nos projets, Georgette Duchaîne donnait des ateliers en scénarisation de documentaire auprès de la relève francophone hors Québec pour l’ONF, revisait des livres destinés aux enfants de Yellowknife, travaillait à un projet personnel « Le bien des autres» , coscénarisait avec Jean-Claude Labrecque et avec André Forcier. De fait, Georgette multipliait les projets et les occasions de vie lui permettant de rester le plus longtemps possible auprès de sa famille et de ses amis.

 

Elle était notamment la co-scénariste du film « Coteau Rouge» d'André Forcier, film qui recevait en mars 2012 une nomination aux Jutras pour le prix du meilleur scénario.

Avec Le monde est ailleurs, elle intervenait comme auteure et consultante en pédagogie, notamment quand il fallait s’adresser directement à des enfants. Comme amie, elle nous manque douloureusement.

 

MORCEAU CHOISI (2012): CINQ ANS (RECEUIL DE NOUVELLES / EXTRAIT)

 

L’été était merveilleux : on allait chez grand-papa et grand-maman qui nous avaient fait construire un appartement au deuxième étage de leur immense chalet.Les pièces étaient en enfilade et on pouvait courir d’un wagon à l’autre de notre maison sous les combes.Devant, il y avait le lac que mon grand-père avait créé en creusant une sorte de grande piscine où se jetaient les sources de la montagne proche arrêtées par une écluse qui permettait de régler le niveau de l’eau.

 

C’était le lieu de tous mes ébats. J’enfilais mon maillot au lever pour le garder toute la journée. Ma mère, qui était une grande nageuse, m’avait inculqué l’amour de l’eau et  je me transformais en poisson heureux sous son regard fier de mes audaces.Mes deux petits frères barbotaient sur une plage qu’on avait créée en y déversant un voyage de sable. Il n’y avait que quelques pouces d’eau, suffisamment pour faire leurs délices. Ma mère pouvait les avoir à l’œil constamment pendant mes leçons de natation.

 

Georgette Duchaine, Extrait de:« Cinq ans », nouvelles, Inédit 2012

 

 

MORCEAU CHOISI: VLB (2008) : COMMENTAIRE DANS QUÉBEC IMAGINAIRE ET CANADA RÉEL

 

Georgette Duchaine nous parle ainsi de son Québec:

«Pour moi, il est réel quand je regarde le fleuve de la pointe de Saint-Vallier; quand je me promène dans le jardin des Ursulines du Vieux-Québec; quand, en avion, à 1000 pieds je suis le fleuve l'hiver et que les glaces font du Marcelle Ferron; quand je regarde le spectacle O du Cirque du Soleil à Vegas. Mon Québec imaginaire, c'est celui qui n'a de réalité que dans mon imagination; il est souverain, indépendant, unique et mien.

 

Hervé Fischer, Extrait de "Québec imaginaire et Canada réel: un avenir en suspens", VLB Éditeur

 

 

MORCEAU CHOISI (2003): MON SECRET (CONTE POUR ENFANT / EXTRAIT)

 

Bon, aujourd'hui, j'écris mon secret. Je recommence.

 

Quand on me regarde, j'ai l'air comme tout le monde, enfin je le crois, mais j'ai quelque chose de particulier, enfin je le crois. Çà ne parait pas du tout, mais …. J’ai des ailes. On ne les voit pas, elles sont pliées sous mes vêtements. Personne ne peut s'en douter. Quand je me retourne trop vite, elles font un petit bruit, un frou-frou, un chuintement, un soupir.

 

Je pense que c'est la révolte de s'être fait réveiller brusquement parce que, quand je les plie, elles dorment. Elles peuvent toujours en faire de petits bruits tant qu’elles ne me font pas mal… Tant que je ne m'en casse pas une, coincée dans une porte d'autobus… Oh! Là là, j'ai la frousse….. Ou quelqu'un qui me met la main sur l'épaule en arrivant par-derrière? Ceux qui me connaissent ne le font jamais deux fois. Je sursaute et je lance un cri de mort. Je vous jure qu'ils s'en rappellent.

 

Georgette Duchaine, Extrait de:« Mon secret », 2003

 

 

 

MORCEAU CHOISI (1984): HISTOIRE DE MES VIES (CONTE POUR ENFANT / EXTRAIT)

J’ouvre un oeil incertain

Sur un tout petit matin

Et j’aperçois un jardin

Où poussent des tranches de pain

Des céréales de six grains

Des oranges et des raisins

Ça tombe bien : j’ai une grosse faim.

Mais le sommeil me retient

Ah… Ce n’est pas encore demain!

Georgette Duchaine, Extrait de:« Histoire de mes vies », 1994

 

 

 

MORCEAU CHOISI: THE GAZETTE (2011): INTERVIEW SUR COTEAU ROUGE

Coteau Rouge's Georgette Duchaîne: Writing and beating cancer all in a day’s work

By Bill Brownstein, The Gazette September 8, 2011 7:02 PM, Montreal

 

There are few more indomitable spirits on the local film scene – or any other, for that matter – than Georgette Duchaîne.

 

Feisty, funny and relentlessly determined, the Montreal screenwriter is a force to be reckoned with. Much to the delight of her co-screenwriters on Coteau Rouge, director André Forcier and his wife, producer Linda Pinet.

 

Tough enough to put together the pieces to a solid movie script. Tougher still when the writer must also deal with invasive cancer, chemo treatments and the every day challenges of life in the big city. Duchaîne had somehow just completed writing another short story, Le Voyageur, and Forcier was so smitten with it that he told her he wanted to adapt it to the screen. Problem was that Forcier had a deadline to complete the Coteau Rouge screenplay and to begin shooting on the film.

 

“So André told me he would work half a week with Linda on Coteau Rouge and half a week with me on Le Voyageur,” recalls the ever-animated Duchaîne. “I was thrilled. I was also a little freaked out, and not only because of the ongoing chemo.”

 

Turns out that Forcier doesn’t drive, and that Duchaîne, who had only recently received her driver’s license, would have to make the commute to his home to the deepest end of Longueuil, into, appropriately, Coteau Rouge.

 

“Even better for a neophyte driver in Quebec, it was one of the coldest, snowiest winters, and I had to deal with the Ville Marie Expressway, the Jacques Cartier Bridge and ice everywhere,” Duchaîne relates. “I was a wreck, but I survived.”

 

After a period of collaborating with Forcier, the director informed he had something important to impart to her.

 

“I’m always terrified when I hear a director say something like that, so I braced myself for the worst,” she says. “André went to tell me that we were working together remarkably well, but by working half a week with me on our project, he would never meet his deadline to finish the Coteau Rouge script. So he asked if I would be willing to drop my project for the time being and come full time to work with him and Linda on Coteau Rouge.

 

“André is the best. And it’s a privilege to work with him. And so the adventure began. We added scenes and enriched others. It was the first time in my life where I met someone whose crazy imagination rivalled mine.”

 

Duchaîne won’t specify which particular scenes she brought to the film, insisting that it was a team affair. “It was a marriage of all these energies and turmoil that gave birth to that film.”

 

And what an offspring they brought to life on the screen. Coteau Rouge, opening Friday after a triumphant premiere at the Montreal World Film Festival, is a surreal black comedy about an off-the-charts family – believed to be descended from a giant sturgeon still lurking in the waters of the St. Lawrence. No doubt, Forcier, one of the most enigmatic and idiosyncratic and original visionaries on the film front today, has again made movie magic.

 

“André is a tough and demanding director,” Duchaîne says. “He doesn’t take any crap from anyone. You have to be real with him. He can see right through someone going through the motions. He is also an intimidating figure – he’s like a big bear.

 

“But we really hit it off together – which surprised a lot of people. Sure, there were some bad days and fights and a lot of banging doors. But he knew I was strong, too, and respected that.”

 

Duchaîne saw the film for the first time at the festival and was pleasantly surprised.

 

“I had no idea what to expect. I never went to the set while they were shooting. I hate that. I love the writing of a film, but I don’t like the making of one. And while I love parties, I don’t like going to film wrap parties. Actors and writers are a different breed.”

 

Duchaîne is best known for writing documentaries.

 

She has more than 40 credits, mostly with the National Film Board of Canada. She also gives workshops on documentary writing for the NFB to francophones – but only to those west of Quebec, from Ontario to the Yukon.

 

She also has five fictional screenplays to her credit, but her passion is writing children’s stories.

 

“The two areas where there are no limits to the imagination are erotica and children’s literature,” says Duchaîne, who recently completed an erotic short story.

 

One of her most acclaimed fictional screenplays was Le Visiteur, an unsettling but intriguing 26-minute tale of a stranger who shows up in the apartment of a woman and nonchalantly helps himself to her fridge and shower – while she hides terrified in a closet. The film has no dialogue and as such went on to play festivals around the planet.

 

At the urging of a producer, the once-reluctant Duchaîne gave in and completed a follow-up screenplay to Le Visiteur, which is slated to be a full-length feature film.

 

Born in Quebec City, Duchaîne made her film debut at 16. She wrote and directed the fantasy coming-of-age piece, De l’Autre Côté de l’Aurore – in 35 millimetre, no less.

 

Having obtained her bachelor’s degree at the Ursulines, associated with Laval University, she spent a year at the Sorbonne in Paris. After moving to Montreal, she earned a master’s degree in film at Concordia.

 

“But my goal in life had always been to write children’s stories,” she says. “Still, it was films and corporate documentaries that paid the bills.”

 

Duchaîne isn’t out of the woods yet with cancer. She must still undergo monthly sessions of chemo, but she tries to maintain an upbeat attitude.

 

“I get depressed at times, but I have some great friends who try to keep my spirits up. And then there’s the champagne,” she cracks. “When all else fails, it sparkles my mind.”

 

 

Dernière mise à jour : 18 avril 2012

 

 

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