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Photo LMEA: Radio France International, Paris, France, 2003

 

 

NASA: Nature, Attachement, Structure, Aventure

La contestation étudiante/ Site WEB de Jean-Marc Chaput

Commentaires sur la contestation étudiante décodée avec le modèle NASA de Jean-Francois Chicoine

Par Jean-Marc Chaput, conférencier 2014, www.jean-marcchaput.com

 

 

Chers enfants et petits-enfants,

 

J’ose vous dire toutes mes réactions à la crise qui secoue le Québec.  C’est la première fois que je me prononce par écrit : c’est un risque que je suis prêt à assumer. Vous pourrez plus tard, me le remettre sur le nez.

 

Durant les joutes sportives, il y a quelquefois, dans le feu de l’action, des arrêts : on appelle cela des « time out ». On arrête le chronomètre. On suspend le temps!

 

C’est ce que le gouvernement a fait en votant in extremis cette loi no 78; il appelle un « time out » jusqu’au 15 août! Durant cette pose, que fera-t-on? Attendre, voir ce qui va arriver! Parler d’hier, de cette loi « ignoble »; parler de ce que le gouvernement aurait dû faire et n’a pas fait; parler des compromis qui n’ont pas été faits; des réunions qui n’ont jamais eu lieu! Marcher tous les soirs pour faire la une des nouvelles? Ou, d’un autre côté,  pourra-t-on parler de ce qu’on fera pour améliorer la situation, demain! Oh! Je sais il y aura, un jour pas si lointain, des élections. On pourra alors grâce à cette démocratie voter pour un nouveau gouvernement. Mais plus immédiatement que peut-on faire dans les mois, les semaines à venir pour que les cours et la vie de nos jeunes aux études puissent reprendre leur élan? Pour que le Québec se calme et pense à son avenir, plutôt qu’à se faire voir à travers le monde?

 

Pour étayer mon propos, je reviens à cette leçon du bon père de famille que servait un jeune à notre premier ministre. Ma question : comme bon père de famille, et j’en suis un plus d’une fois, quels sont les principes qui doivent me guider en discutant, en cherchant une solution au conflit avec mes enfants et mes petits enfants? Comment les guider pour qu’ils deviennent tous des adultes heureux et sereins, et raisonnables?

 

Le docteur Jean-François Chicoine,  pédiatre à l’hôpital Ste-Justine de Montréal, a ramené l’éducation d’un enfant à quatre composantes. Ces quatre facteurs correspondent à l’acronyme N A S A, c’est-à-dire Nature, Attachement, Structure et enfin Aventure.

 

La Nature nous explique qu’il faut connaître tout d’abord la nature de l’enfant, ce qu’il a comme caractère, comme qualités comme défauts comme expérience. On doit pouvoir estimer comment il réagira durant des périodes de stress, comment il s’exprimera, comment il criera ses frustrations, comment il laissera voir ses émotions profondes, etc. Pourquoi alors ne pas, pour commencer, se poser les mêmes questions pour ces jeunes qui depuis trois mois revendiquent la gratuité de leurs cours, ou encore le gel des frais de scolarité? Quelle est leur nature? Ce sont des jeunes pleins de fougue, d’impétuosité, d’enthousiasme pour la vie, des jeunes à l’imagination débordante, des jeunes articulés, de plus en plus au courant de la politique, de l’économie, de la philosophie, des jeunes curieux qui veulent essayer leurs ailes. Avec eux, il faut, nous les adultes, nous les baby-boomers, les vieux, changer nos paradigmes et cela presse de plus en plus! Comme disait une ex-ministre de l’éducation, il faut se mette en mode écoute et non en mode confrontation.

 

Ce ne sont pas des syndicalistes chevronnés qui nous font face, des syndicalistes qui savent comment faire monter le chat dans le poteau et le faire redescendre par la suite. NON! Ce sont des jeunes qui ont besoin de se faire entendre. Ce sont des jeunes, débordant de vie, qui ne craignent pas de poser les vraies questions, les pourquoi au lieu de se contenter des comment. Pourquoi une hausse au lieu de leur expliquer en combien d’années ils devront payer leur juste part? Pourquoi payer leur juste part à 21 ans, quand ils sont tous témoins des scandales qui déferlent, révélant comment des adultes chevronnés s’en mettent plein les poches. Est-ce leur juste part? Comment justifier des salaires de plusieurs millions de dollars et pouvoir encore parler de juste part? C’est quoi la juste part?! Faudrait peut-être leur expliquer que la juste part, c’est quand chacun fait son effort dans cette société? Difficile de convaincre ces jeunes quand la malhonnêteté s’étale dans toutes les pages des quotidiens! Pourquoi parler de juste part quand on profite de garderies à 7$ pour prendre une journée de congé pour faire ses emplettes? D’accord, pour certains, les garderies sont une nécessité pour gagner la vie. Mais pour ceux avec des revenus substantiels, ne devraient-ils pas, eux, payer plus du coût des garderies, à savoir leur juste part?

 

Ces jeunes ne se contentent pas de se faire raconter des histoires comme  cela a toujours été! « On ne peut rien y changer! C’est comme ça dans la société! » Qui a dit cela? Ces jeunes ne sont pas déformés par nos vieilles habitudes « du plus fort la poche »! Donc, sans préjugés, reconnaître qu’on a oublié de leur expliquer ce que serait leur juste part par rapport au reste de la société, et pas seulement des pourcentages que l’on peut toujours mettre en doute. Il faudrait le faire autour d’une table ronde et non rectangulaire de façon à cesser de s’affronter comme chien et chat; il faudrait le faire non dans un marathon d’une vingtaine d’heures, mais durant plusieurs journées normales de huit heures. Et durant ces réunions, on devra retrouver sa jeunesse, tenter de penser en jeunes, cesser de penser selon nos anciens schémas, non pas comme des politiciens aguerris, des négociateurs professionnels qui cherchent à tromper, profitant de la fatigue d’une nuit blanche, pour les rouler dans la farine, et s’en vanter quasiment le lendemain, refuser de penser toujours en gagnant et perdant, en opposition les uns aux autres

 

Les jeunes doivent ressentir durant ces réunions, et réunions, il faudra en avoir et plus qu’une, que nous cherchons à être tous sur une même longueur d’onde. Ils doivent réaliser, que pour une fois, nous les adultes en situation de pouvoir,  sommes prêts à faire notre juste part, pas à leur laisser un pays où la démocratie se résume à financer les parties politiques de toutes les façons inimaginables. Il faudra leur apprendre que voter, c’est donner son accord ou pas à des gens qui par la suite sauront respecter les autres. On ne leur a pas « vendu » notre démocratie. Au contraire, on leur a souvent montré comment éviter de payer sa juste part avec des paradis fiscaux expliquer lors de séminaires dans les prestigieux bureaux de conseillers financiers ou de comptables, comment éviter de payer sa juste part en payant comptant sans facture comme le dit si bien la publicité du ministère du Revenu. Il faut leur dire que lorsqu’on trouve que la juste part est trop élevée, il faut se mêler de politique, « de mettre sa photo sur un poteau »; se mêler de politique, c’est paraître à la télévision, comme ils le font si bien depuis quelques mois, pour dire comment on voit ce pays, comment on voit le leadership dans les universités. Il faut que dans nos familles, on parle autant de politique, de partis politiques que de parties de hockey, que de « tout le monde en parle ».  Comprendre la nature de notre jeunesse, c’est les écouter et tenter de ne pas leur transmettre nos habitudes de vieux politiciens, mais au contraire les règles d’étique, d’honnêteté, de juste part, d’équité! Il va falloir au plus tôt que non seulement les canaux de communications demeurent ouverts. Mais il faudra avoir de nombreuses rencontres pour d’abord apprendre à se connaître, et de là rêver ensemble une éducation de classe mondiale, une société de classe mondiale.

 

La deuxième lettre, le A, nous amène au mot Attachement.  Il s’agit ici pour l’enfant de sentir qu’il a un port d’attache. C’est son ancrage dans la vie et il est essentiel pour commencer sa vie, de partir d’adultes signifiants avec un amour inconditionnel, des adultes, qui malgré les désaccords ne les laisseront pas tomber. Pour ces jeunes qui depuis plus de trois mois nous crient leur ras-le-bol, avons-nous été ces gens compréhensifs, qui malgré les dérapages de part et d’autre, ont toujours été là pour les soutenir, et cela pas seulement en marchant avec eux? Tout ceci représente l’atmosphère de ces nombreuses réunions qu’il faudra maintenant tenir durant ces mois d’été, avant le 15 août; Il faudra, durant toutes ces discussions, ne jamais oublier qu’ils font partie de la même communauté que nous les adultes malgré leurs vingt ans; se souvenir  que malgré leur jeune âge, ils font partie de notre société, de notre peuple. Plus encore, ils représentent l’avenir de la nation québécoise, et cela à part entière. En les ignorant, pendant les premiers mois de leurs revendications, en les considérant comme de jeunes blancs-becs qui n’ont aucune expérience et donc ne peuvent se poser de véritables pourquoi, on ne leur a pas dit qu’ils faisaient partie de ce que nous sommes; en réunissant  des experts en négociations, des chefs d’union qui ont trop souvent été des contestataires, des doyens d’université qui craignaient perdre leur autorité, craignaient d’être critiqués, on leur a passé un message : on n’a pas besoin de vous pour décider de qui paie quoi : il ne faut que payer sa juste part, un point, c’est tout!.  On les a traités comme des jeunes qui ne savent pas ce qu’est une société de droit et qui ignorent ce qu’est la démocratie. Et si c’était vrai, où étions-nous pour leur apprendre durant tous ces mois de contestations? Pourtant, ils en savent souvent plus que nous, qui sommes à préparer notre retraite!

 

Attachement laisse entendre qu’on ne cherche pas la guerre en posant au vainqueur, qu’il n’y aura pas de gagnant ni de perdant; au contraire, il y aura une communauté forte de gens avec expérience et de jeunes avec de l’imagination, avec de l’enthousiasme pour créer un monde meilleur! Tous ensemble on cherchera à penser une meilleure façon de faire porter le coût des études par le groupe, sans prendre pour ou contre les autres! Mais pour réussir ces réunions, il faudra une qualité qui est à la base de l’attachement : le respect. On devra réapprendre le respect. Pour les jeunes, c’est réapprendre le respect des aînés qui pensent différemment et qui souvent portent le poids de toute la société, jeune et adulte; ces aînés n’ont pas qu’une tâche à accomplir, à savoir étudier, se former; ils ont aussi tous les autres aspects d’une société moderne. Ils devront réapprendre que ce n’est pas en étant contre à tout prix, à vouloir, en criant plus fort, en marchant plus longtemps le soir, en lançant des cailloux parce que l’autre m’a ordonné de circuler,qu’on réussira à accepter son point de vue. Et pour les forces de l’ordre, on devra pouvoir user de force en des circonstances exceptionnelles, mais sans en prendre l’habitude. Le respect, c’est oublier  le  « power trip » d’un parlement qui palabre durant des heures oubliant de parler à l’autre. En fait, durant les prochains mois, il nous faudra, nous les adultes matures, laisser entendre qu’on les aime ces leaders étudiants quelque soit l’association qu’ils représentent, que l’on tient à eux et qu’on les considère comme des membres à part entière de nos réunions

 

Le S de NASA signifie Structure, signifie discipline, signifie que l’on ne peut pas tout faire pour satisfaire ses propres besoins sans tenir compte de la satisfaction des besoins de l’autre. De là, donc la nécessité de balises, de lois dans une société. Ces lois sont toutes perfectibles et aucune ne doit être appliquée bêtement, sans tenir compte des circonstances qui viennent en modifier l’application. Ainsi, la loi no 78 est extrêmement dure et son application des plus difficiles. On peut la modifier, on peut l’abroger, mais tout cela doit être fait selon les règles de l’art. Personne ne peut décider du haut de sa tribune de défier la loi parce qu’elle est injuste. Car se pourrait-il que d’autres la trouvent, au contraire, juste et équitable? Pour régler ces différents points de vue, il y a des tribunaux, pas des pancartes à n’en plus finir, pas des slogans qui parlent de catastrophes nationales, alors qu’il ne s’agit que de différents, importants, on en convient,  mais qui n’entraînent pas perte de vie. On dit que souvent le chaos est nécessaire pour changer les choses. C’est vrai, mais au sujet de l’augmentation de frais de scolarité, cela semble quelque peu exagéré.

 

Ces limites, on ne peut les imposer bêtement avec l’impératif présent tenant pour acquis qu’ils seront alors respectés. J’ai souvent dit qu’on ne peut pas faire boire un âne qui n’a pas soif : il ne fait que des bulles dans la chaudière. Il faut lui donner la soif. Lui répéter à l’impératif présent « Bois! » ne le fera pas boire. Comme je l’ai toujours prôné, « Vivre, c’est Vendre! » Il faut vendre ses lois,vendre les limites que l’on veut implanter. Cela commence quand on est jeune enfant, dans une famille où un père et une mère font ce qui s’est perdu depuis quelques années : l’éducation. On doit apprendre qu’on ne peut créer l’ordre dans le désordre. Et l’ordre vient des priorités d’une société, dans la famille d’abord. Mais est-il possible que les priorités pour nous, les adultes, ne soient pas les mêmes que celles de nos jeunes et qui plus est, est-il possible que leurs priorités passent avant les nôtres? Pensons-nous plus à l’âge de la retraite, à 65 ans, plutôt qu’à leurs études, qu’à leur formation? Pensons-nous plus à nos vacances qu’à leur formation? Ne serait-ce que de leur dire combien on les trouve courageux de se former s’en savoir nécessairement à quoi serviront ces cours de philosophie, ces cours d’histoire, etc? Quel intérêt leur avons-nous manifesté sur les discussions qu’ils ont eues en classe sur le travail, la valeur du travail, sur l’argent. De plus, nos priorités d’adultes, baby-boomers, ont-elles été plus orientées sur la conservation de nos droits acquis, ne réalisant pas que pour eux, le monde a changé, que pour eux le monde est différent et qu’en conséquence, leurs priorités sont bien différentes des nôtres?

 

Acceptons-nous facilement ces priorités nous-mêmes? Parler de priorité comme un effort soutenu au travail ou cherchons-nous facilement à en faire le moins possible, à dire au jeune interne que s’il veut plus tard devenir un professionnel, il doit se taper des quarts de travail de 24 heures.. Pourquoi? Parce que cela a été ainsi pour nous! Oui! Mais le monde a changé : doit-il toujours faire pareil? Peut-on innover? Parler de charité, de compassion et se voter des options d’achat d’actions exagérées et en plus  faire en sorte de privilégier des décisions qui pousseront à la hausse le cours des stocks dans l’immédiat, oubliant qu’à long terme la compagnie risque de perdre? On ne peut parler de structures, de balises si nous, les adultes, ne nous conformons pas à ces mêmes limites au point de vue travail, éthique, compassion.  Ne faut-il pas se structurer nous-mêmes. À voir cette nuit de débat en Chambre pour le vote de la loi no 78, je tentais de me mettre à la place de ces jeunes dans la rue qui voyaient avec quel laisser-aller nos élus outrepassaient des balises aussi simples que le silence que l’on doit obsorver pendant qu’un autre parle. Quel spectacle désolant? Et dire qu’on parle de discipline!!! Avons-nous donné le bon exemple?

 

Enfin, le dernier A représente l’Aventure. Il signifie innover, réinventer. Il veut dire sortir des sentiers battus. Et c’est ce que les jeunes ont fait durant ces quelque 100 jours de grève. Ils ont tenté et ils ont réussi à nous prouver qu’on peut réinventer la façon de dire : peut-on faire partie de votre équipe? Vous nous faites faire des études qui nous ont fait progresser beaucoup plus rapidement que vous, les adultes, qui étiez à l’université il y 25, 30 ou 40 ans. On en sait plus que vous parce que l’information est à portée de tous à la vitesse grand V. On a vu des mondes basculer, des pays, des dictatures tomber, et tout cela en direct; on a vu comment grâce aux réseaux sociaux, on peut communiquer, on peut mobiliser une foule. Ils ont appris beaucoup plus que nous les adultes à discuter, présentant de manière très articulée leur argumentation. Ils ont appris à dire leurs émotions. Ils ont appris ce que sont des majorités, comment tenir des assemblées, comment les influencer; ils ont appris ce qu’est la démocratie directe où on revient sans cesse à l’assemblée pour leur demander leur approbation ou leur désaveu. Mais nous, les grands, avons-nous profité de ces marches, de ces rencontres pour leur dire que l’important dans la vie, ce n’était pas de toujours passer à la lutte; que gagner dans la vie, ce n’est pas une profession, que la seule vraie victoire possible et durable est sur soi, sur ses propres démons. Et nous, les baby-boomers, les vieux, avons-nous osé vivre cette aventure en admettant toutes non incongruités, nos  incongruences, avons-nous osé explorer d’autres avenues de démocratie ou sommes-nous demeurés figés dans notre « code de procédure Morin », qui nous dit comment agir durant nos assemblées? Sommes-nous prêts, nous les adultes, à recréer notre société. C’est ce que les étudiants nous ont demandé. Nous avons répondu comment? Après trois mois à tergiverser, nous sommes retournés à nos vieux réflexes d’autorité et tenter de dicter notre volonté. Mais le mode a changé.

 

NASA, c’est un rappel de ce qui structure la société des humains. Ce n’est pas seulement applicable aux enfants tout jeunes, mais aussi aux jeunes de 20 – 25 ans, aux adultes de 45 ans, de 60 ans. C’est valable pour les gens au pouvoir qui malheureusement sont beaucoup plus habitués a se faire écouter, à prononcer de beaux discours, qu’à écouter les autres et surtout ces jeunes qui seront là, demain,alors que nous aurons quitté pour un monde meilleur. L’égalité, n’est-elle pas la même pour un jeune de 25 ans que pour un vieux de 65 ans. C’est quoi la juste part des uns et la juste part des autres? À 25 ans, le monde s’ouvre devant soi, et c’est un monde nouveau. À 65 ans, le monde qui se présente à nous est celui d’une vie à se la couler douce, comme si la vie était terminée. Sa juste part, c’est s’acheter la voiture de l’année et profiter du service de garde à 7$ pour faire garder les enfants : est-ce payer sa juste part du service de garde ? La juste part quand tu engranges des salaires dans les millions de dollars et que tu quittes l’emploi avec une prime de départ, emploi que tu n’a pas réussi à faire convenablement, enfreignant des règles d’éthique sans te soucier de la réputation de ton employeur?

On leur a appris à nos jeunes à gagner, à écraser l’autre, à faire reculer l’autre! Ne soyons pas surpris que nos jeunes nous servent les mêmes rengaines : il faut que le gouvernement recule! A-t-on appris à nos jeunes à collaborer, à participer sans parler toujours de pouvoir de forces? Non! On est dû pour un « time out ». On se calme et on se parle d’humain à humain, où non seulement les parts sont égales, mais les humains également. On se parle sans loi pour faire peur, sans bouclier pour faire peur, sans chevaux qui écrasent, sans parade à ne plus finir, sans casse tous les soirs. C’est le moment de cesser l’affrontement et de sortir nos tables rondes pour que tous on soit assis côte à côte pour régler le problème des « justes parts »! C’est le temps de se parler, pas de s’ignorer!!!

 

TDAH

Isabelle Maréchal, 98,5

Commentaires sur une entrevue de Jean-Francois Chicoine à Isabelle Maréchal

Sujet: Donne-ton trop facilement des médicaments à nos enfants pour les calmer?

Mis en ligne le mercredi 29 janvier 2014 dans Isabelle Maréchal

 

Je viens tout juste d’écouter une émission de radio d’où le sujet portait sur la pression qu’exerce l’école sur les parents pour qu’ils médicamentent leur enfant (voir références plus bas) alors que les parents s’y opposent.  Le sujet a vite tourné lorsque le Dr Chicoine est entré en ondes et a présenté l’équipe scolaire comme étant un bon juge de la situation vécue en classe et qu’il faut être attentif à ces signes.  Un enfant qui bouge beaucoup, c’est différent d’un enfant qui bouge beaucoup plus que les autres ! Oui l’enfant dérange, mais ce n’est pas nécessairement parce que le professeur fait preuve d’intolérance, c’est peut-être parce que l’enfant bouge en effet plus que la normale (je n’embarquerai pas dans un débat sur ce qu’est la normalité).

 

Même dans notre famille, les signes que notre enfant projetait étaient perçus de façon très différente dans le couple de parents.  Mon mari ressentait les signes à la puissance 10 (les tics de mon fils par exemple) au point tel que s’en était rendu insupportable pour lui alors que chez moi, c’était quasi imperceptible!! Je trouve donc normal qu’un parent n’ai pas la même perception qu’une enseignante, d’autant plus que le contexte est entièrement différent. C’est un peu la même chose avec notre entourage, comment une personne qui voit notre enfant une fois par mois (ou à chaque fête de famille) peut juger que notre enfant n’a pas de problème d’attention ou d’hyperactivité? Est-ce qu’ils savent vraiment ce qu’est un enfant ayant un déficit d’attention d’abord? Ensuite, peuvent-il vraiment faire la distinction entre un déficit d’attention et un problème d’hyperactivité? J’en doute fortement.

 

Il faut faire confiance aux professionnels, c’est leur travail de déceler les problématiques de l’enfant, tout comme celui de votre garagiste pour votre voiture.  Bien sûr, c’est plus émotif, plus sensible.  Ça nous ramène à notre rôle parental, à nos compétences… je sais… mais avoir un trouble neurologique, ça n’a rien à voir avec vos compétences de parents!!! Tout comme votre voiture lorsqu’elle a un problème de moteur alors qu’elle est neuve! Il faut accepter que notre enfant ai un problème et faire face à la musique comme lorsqu’il a attrapé cette fichue varicelle et que vous avez dû manquer une semaine de travail… sauf que là, c’est pour pas mal plus long et vous devrez apprendre à vivre avec!

 

Comme le disait le Dr Chicoine, le TDAH, c’est une atteinte aux fonctions exécutives, c’est complexe! Est-ce que quelqu’un pourrait me dire ce qu’est une fonction exécutive ou encore mieux, en nommer une? Ben non… ce n’est pas à la portée de tous, pas même de notre tante ou de notre beau-père! Mais le/la psychologue de l’école le peut!  Même certains professeurs sont très bien outillés pour le faire!!! Vous seriez étonnés de constater à quel point certains profs sont capables de faire encore plus qu’enseigner…!

 

L’enseignante de maternelle me racontait lors de notre dernière rencontre ce qu’elle avait remarqué chez mon fils.  Elle avait remarqué plusieurs signes qui correspondaient à une certaine sensibilité sensorielle. Elle m’a donné plusieurs exemples que j’avais moi-même remarqués à la maison et j’ai trouvé fort étonnant qu’elle puisse ainsi distinguer ceux-ci avec autant de justesse parmi un groupe d’une dizaine d’élèves.  Elle m’a dit avoir vu des signes de TDAH mais qu’elle jugeait pour l’instant que ce n’était peut-être pas aussi important que les signes sensoriels qu’elle avait nettement distingués.  Elle m’a suggéré d’aller chercher des réponses auprès d’un(e) ergothérapeute avant d’aller voir du côté d’un diagnostic de TDAH.  J’étais estomaquée mais surtout, très impressionnée par ses compétences… wow!

 

Allez, ouvrez vos horizons et prenez donc toute l’aide qui vous est offerte. Une simple ouverture peut souvent se transformer en une main tendue, prête à vous aider.

Famille tdah le blogue, janvier 2014

 

 

COURS PRÉ NATAUX

Médium large

Commentaires sur une entrevue de Joselito Michaud à Catherine Perrin

Sujet: Le film Catinimini, les besoins affectifs des enfants, le Dr Chicoine

SRC 21 janvier 2013

 

Ce texte a comme objectif d’encourager des discussions au sujet d’une offre de cours prénataux et de cours pour devenir parent durant lesquels les besoins psychologiques de l’enfant feraient l’objet d’une attention particulière. Ces cours, objets au départ d’expériences-pilotes et de recherches, seraient offerts avant la naissance même de l’enfant, ce qui semble-t-il ne s’est jamais fait. Ces voies inexplorées pourraient contribuer  aux programmes existants de prévention précoce du mal d’être, des idées suicidaires, des tentatives de suicide et des suicides

 

Plus de 1 770 000 d’enfants naîtront au Québec au cours des vingt prochaines années. Près de 88,5 pour cent d’entre eux connaîtront des parcours de vie avec beaucoup de hauts et occasionnellement quelques bas comme tout humain. Pour les autres, environ un quart de million, à moins que des changements importants surviennent dans la préparation de leurs parents, qu’ils aient de grandes capacités de résilience ou des parents substituts, il en sera bien autrement. Ils risquent de vivre successivement une enfance, une adolescence et une vie d’adulte particulièrement difficile, voire dramatique. Il est tout à fait certain que les incompétences parentales engendreront de graves conséquences pour eux-mêmes, leurs proches et la société. Les idées suicidaires, les tentatives de suicide et les suicides ne sont pas que du domaine des individus souffrants.

 

Bien qu’il ne s’y limite pas, le mal d’être qui retient l’attention dans cet essai est uniquement celui qui prend naissance dans la petite enfance, voire déjà au cours de la vie intra-utérine, se poursuit dans d’enfance, se propage à l’adolescence et continue très souvent de croître de période en période avec une intensité variable tout au cours de la vie adulte.  Plusieurs aidants des personnes dans leurs derniers moments l’affirment : ce mal d’être peut avoir survécu jusqu’à cette ultime étape. Le mal d’être considéré ici n’est donc pas celui consécutif à des événements conjoncturels tels les deuils, les pertes d’emploi, les maladies, les échecs amoureux, etc. Les deux "mal d’être", le premier structurel surgi de l’enfance et le second conjoncturel coexistent souvent. Mais le mal-aimé des deux, celui dont on parle encore très peu, moins visible et presque muet, est le premier évoqué.

 

Parler de protection

Parler de prévention c’est aussi parler de protection. Quelles sont les blessures de l’enfance les plus souvent mentionnées ? Il y a le minage de l’estime de soi et de la confiance, les carences affectives sévères, les abandons, les négligences, les sévices sexuels fréquents même au sein de la fratrie, etc. Les sentiments et les émotions générés immanquablement par ces blessures, s’ils ne sont pas reconnus et pris en compte tôt dans la vie, risquent de ressurgir au cours de la vie adulte. Si ce ne sont pas les enfants qui sont responsables de leurs blessures, qui le sont?  Quelles sont les conséquences les plus courantes des blessures de l’enfance?

 

Parmi les conséquences prévisibles se retrouvent la santé mentale et physique, les troubles psychosomatiques, la consommation de drogues, la délinquance, différentes déviances, la dépendance affective, l’insécurité identitaire, le décrochage scolaire, les diverses formes de violence, le recours à des anesthésiants, etc. Les facteurs socioéconomiques, dont la pauvreté, exercent des rôles importants. Ils n’expliquent pas tout. De plus en plus les neuroscientifiques prouvent que les blessures de l’enfance peuvent endommager le cerveau irréparablement. Mais qui sont les premiers responsables de ces dommages? Dans les grandes études gouvernementales fédérales, provinciales ou internationales, il est fait très peu mention du rôle des parents comme des partenaires privilégiés. Dans plus d’un cas, on n’en fait même pas mention. Or, l’avenir est d’abord entre les mains des parents.

 

Présentement, afin de panser les blessures et réduire en nombre et en intensité leurs conséquences, des ressources considérables doivent être mobilisées, soit des ressources humaines, financières ainsi que des infrastructures. Alors peut-on espérer voir diminuer à l’avenir le nombre de blessures qui surviennent dans la prime enfance, l’enfance et l’adolescence? Les 88.5 pour cent des parents pour qui la parentalité est innée ou héritée d’un modèle parental approprié peuvent par leurs pratiques alimenter susciter la discussion et la réflexion. Les attitudes et aptitudes parentales se développent rapidement et considérablement au moment de la naissance de l’enfant, mais, nécessairement, elles préexistent chez ces gens depuis très longtemps.

 

La nature des choses

Au temps de la naissance, ils arrivent largement prêts à assurer leur parentalité avec un bagage d’informations dont ils ne sont pas nécessairement conscients. C’est pour l’essentiel dans la nature des choses. Pour les autres 250 000 parents, aussi amants leurs enfants que les précédents, sauf en de rarissimes occasions, les informations essentielles font défaut et peuvent être erronées quant aux besoins psychologiques des enfants. Les savoirs acquis par les premiers avant la naissance, assez bien identifiés comme notions de base, peuvent-ils être communiqués aux seconds avant la naissance également? Combien de fois a-t-on entendu dire par des parents contrits: « si j’avais su j’aurais agi autrement »? Mais avaient su quoi? Avaient su de qui? Avaient su sous qu’elle forme? Avaient su quand? Les enfants, les adolescents et les adultes qui s’enlèvent la vie sont-ils tous les uniques responsables de l’acte qu’ils posent?

 

Ce qui est inné et qui a trait à la parentalité et qui répond aux besoins de l’enfant et de la famille est de mieux en mieux inventorié depuis la fin du XIXe siècle grâce aux travaux des psychiatres, des psychanalystes et des psychologues. Il y a beaucoup d’informations de base facilement accessibles et il est donc possible de les transmettre à ceux qui en auront besoin avant la naissance de leur premier enfant. Deux périodes peuvent être privilégiées. L’une lors des cours prénataux durant desquels les besoins psychologiques seraient présentés et discutés et l’autre parfois bien avant. Parmi les priorités, les connaissances sur l’attachement parental, le développement  de l’estime soi devraient demeurer la première des priorités.

 

Ces périodes de formation auront un impact considérable sur de nombreux enfants en favorisant pour eux un meilleur développement. Mais l’impact ne sera pas moindre pour les personnes qui veulent devenir parents. En effet, obligatoirement, ils entraîneront une profonde réflexion sur l’héritage parental reçu qui permettra à chaque parent de mettre en examen le parcours suivi depuis l’enfance en lui permettre de mieux comprendre sa situation s’il y a lieu et de l’améliorer. Accroitre le contenu des cours prénataux entraînera peu de nouvelles dépenses de la part du gouvernement.  Pour leur part les cours pour devenir parents seraient largement à la charge de ces derniers.

 

François Asselin, retraité, jlfrancois_asselin@hotmail.com ( avec sa permission), 21 janvier 2013

 

(1)   En 2011, le taux de fécondité était de 1.69 enfant par femme et il est nés 85 500 enfants (considéré ici constance) pour les deux prochaines décennies. Source : ISQ

 

 

 

AUTOUR DE LA TABLE

Journal des pays d'en haut

Commentaires sur Ricardo

Interview de Jean-François Chicoine

Saison 9 Épisode 89, 19 janvier 2011

 

Vous avez été nombreux à réagir sur mon texte de l’Action de Grâces où il était question de mon souper raté alors que conjoints, enfants et amis étaient réunis autour de la table. Vous avez bien ri et j’en suis fort aise.

 

J’y reviens non pas pour vous narrer un autre repas manqué (une fois n’est pas coutume!) mais pour souligner toute l’importance des repas pris en famille. Ce sont les propos du Dr Jean-François Chicoine pédiatre à l’hôpital Ste-Justine qui m’ont fait réfléchir. Il disait que si on lui amenait un jeune enfant ayant des troubles de langage, il demandait aux parents si à la maison on prenait le temps de manger en famille. Question pour le moins surprenante, me direz-vous. Songez-y une petite minute et quart. Personnellement, mes meilleurs souvenirs d’enfance me ramènent autour de la table, soir après soir. En arrivant de l’école, chacun avait la même phrase : qu’est-ce qu’on mange? C’était un rite, une discipline qui nous sécurisait.


Dr Chicoine

Ce sympathique pédiatre affirme que le fait de manger en famille aide au développement de l’enfant. C’est une forme de reconnaissance affective qui donne une meilleure estime de soi. Il n’exagère même pas! Pas besoin d’un cours 101-parents pour être d’accord avec ses propos.

 

La plupart des enfants d’aujourd’hui mangent un déjeuner sur le pouce. Le midi se passe dans la cohue du gymnase à l’école à avaler en 5 minutes le lunch préparé. Et le soir? D’après le Dr Chicoine, l’enfant passe 30 heures/semaine (et plus) devant un écran (de jeux, d’ordi, de télé). Cette statistique met un ver dans ma pomme...

 

Une vraie bataille

Autre chose : il ne faut pas que l’heure du souper devienne un champ de bataille. La cuisine n’est pas un ring de boxe. Lorsque le parent et l’enfant s’affrontent sur la nourriture, il y a un os dans le fromage! Si tu ne manges pas tes carottes, tu n’auras pas de dessert. À 5 ans, mon fils détestait les légumes. Un jour, je lui demande de manger au moins un petit bout de carotte. Il s’exécute, mais n’avale pas. Elle flotte, avait-il dit! J’ai arrêté de le forcer. Aujourd’hui, il les dévore à pleines dents.

 

Et arrêtons de prendre comme exemple le pôvre petit Africain qui a toujours le ventre creux. Votre enfant se fout pas mal de la situation africaine! On fait simple des fois, trouvez pas? Avec nos courses quotidiennes, les plats congelés, les dépêche-toi, les je-te-pousse-dans-le dos, nos enfants n’auront pas d’heureux souvenirs à se mettre sous la dent, c’est le cas de le dire. L’eau prend la forme du vase...

 

Finalement, manger en famille c’est comme lire un livre à un enfant au moment du dodo. Un jour, je demande à mes élèves s’ils se réunissaient le soir au souper. L’un d’eux m’avait répondu on est tous ensemble, mais pas autour de la table, plutôt en demi-lune pour pouvoir regarder la télé. Un père mangeait au McDo avec son fils. Le petit lui parlait tandis que le père lisait son journal. Parfois, il répondait par des ouais ouais et l’enfant poursuivait son monologue. Des fois, je me dis qu’on a l’amour parental jetable, un amour fast-food, quoi...

 

Mimi Legault, Journal des pays d'en haut, 3 février 2011

 

 

EXCELLENCE OU DIFFÉRENCE EN ÉDUCATION?

Blogue Brouillon de poulet pour l’âne

Commentaires sur Bazzo.TV

Interview de Jean-François Chicoine

26 novembre 2009

 

"Au Québec, on élève des enfants, en France, on les éduque… [En Europe] Dès le départ, il y a une volonté des familles vers l'excellence, vers la cognition, vers le langage, par rapport à ici où l'on est plus porté vers la sécurisation affective, vers le temps partagé au départ. Je dirais que pour un enfant différent, qui a un handicap, un retard, il est bien mieux au Québec. Pour un enfant qui aurait un talent particulier et qui veut aller rapidement, il serait mieux d'aller en Europe." Jean-François Chicoine

 

Je suis une Québécoise pure laine

Je suis une Québécoise pure laine. Mon ancêtre maternel est arrivé avec Jacques Cartier et s'est installé avec une Micmac, mon ancêtre paternel a suivi Paul de Chomedey pour aider à la fondation de Montréal. Aucun de mes ancêtres n'étaient en Europe pendant la Révolution française et pourtant, je connais tous les couplets de la Marseillaise (que je peux vous chanter aussi bien que Mireille Mathieu quand le vin est très bon). Car, d'aussi loin que me portent mes souvenirs, depuis l'âge de 3 ans, mes amis les plus précieux et les plus proches, sont Européens. On a souvent tendance à croire, parce que nous croyons partager la même langue, que les Français et les Québécois sont cousins. Or, il faut vivre suffisamment proche de nos deux cultures pour réaliser à quel point nous nous distinguons et cela est particulièrement vrai dans nos rapports avec les enfants et, en conséquence, en éducation.

 

Loin de moi l'idée de comparer l'éducation de chaque côté de l'océan. Je dois avouer partager à ce sujet le point de vue du Docteur Chicoine. Cependant, je vis depuis quelque temps un très grand malaise auquel je n'arrive pas à trouver remède et, pire, qui me donne l'impression que nous sommes pris dans une impasse. (Je n'ose pas écrire "certitude ", car j'espère que vos commentaires me convaincront qu'il pourrait y avoir une solution.)

 

Quand doit-on ne viser que l'excellence en éducation?

 

Jamais! Vraiment? Ce n'est pas l'excellence qu'il faut viser, mais la compétence.

 

Quand doit-on ne viser que la compétence en éducation? Toujours! Foutaise!

 

L'unique préoccupation en éducation au Québec, c'est le rendement. S'il en était autrement, on n'aurait pas de quotas de doubleurs dans les classes des écoles publiques, on n'exigerait pas un minimum d'élèves pour maintenir des programmes d'études, on n'évaluerait pas les programmes d'études sur la satisfaction des étudiants et les taux de réussite, mais sur le taux de satisfaction de ceux qui les accueillent (professeurs ou employeurs) basée sur la cohérence de l'évaluation des compétences; on ne demanderait pas des bulletins chiffrés et des calculs de moyenne, mais des évaluations critériées détaillées.

 

Un jour, un professeur d'université m'a dit : "Tu sais, ce n'est pas si grave que ça si on laisse passer des étudiants qui trichent ou qui ne méritent pas de passer. Une fois sur le marché du travail, les gens se rendront compte de leur incompétence et ne feront pas affaire avec eux." (Et ils inscriront le nom de ton université sur leur liste noire!)

 

(Soupir)

 

Je dois l'avouer : mes enfants étant maintenant trop grands pour recevoir des fessées , il m'arrive de sérieusement penser à émigrer.

 

Missmath, Blogue Brouillon de poulet pour l’âne, samedi, 28 novembre 2009

 

Malaise en éducation

Miss : il faut effectivement éviter de généraliser, mais une partie de l'assertion du Dr Chicoine me semble fondée.

 

Au Québec, on materne. On fait attention à l'estime de soi. On veille à ce que l'élève puisse s'exprimer même s'il n'a rien à dire et que son message est incompréhensible parce que mal formulé. On part toujours du vécu de l'élève, même si son vécu se résume à une console de jeu...


J'ai une fille qui a la double nationalité. Tu as compris que les deux cultures, je les vis souvent. Quand elle revient de France avec un accent, ça me fait toujours un choc culturel. Mais j'ai effectivement remarqué que, pour la belle-famille, la culture et l'éducation dans un sens large sont très valorisées. Comme parents, on se sent le devoir de munir le jeune d'un certain bagage culturel.


Par contre, je sais aussi que le système français est souvent implacable avec la différence.


Le meilleur système? Un mélange des deux.

 

Pour le meilleur ou le pire, je vise tout d'abord l'excellence en fonction des capacités de l'élève. Qu'il me donne ce qu'il peut me donner, fort ou faible. Son rendement doit être à la hauteur de son potentiel.

 

L'excellence dans quoi précisément?

 

Dans son comportement; dans ses attitudes personnelles, scolaires et sociales; dans les compétences que je dois évaluer. Et ses compétences reposent au départ sur de solides connaissances.

 

Sauf que je suis un prof humain et je tiens compte de ce facteur. Mes jeunes sont des humains, pas des robots. J'enseigne souvent à des groupes performants et l'aspect psychologique du jeune a un impact majeur sur sa vie scolaire. On parle souvent des décrocheurs, mais j'ai souvent dû travailler avec des névroses, des dépressions, des angoisses de jeunes que les parents et le système poussaient à bout. J'ai dû leur apprendre à décrocher, à vivre.


J'ai aussi travaillé avec des élèves «ordinaires » dont la vie personnelle et familiale poussait à l'échec. Là aussi, je me suis adapté, mais je n'ai jamais modifié mes exigences. Seulement mon approche.


Cela étant dit, on vit au Québec en fonction du rendement à des examens dont on questionne peu la forme et les critères d'évaluation. Ce qui importe est la réussite du plus grand nombre, ne l'oublie pas. Et cela, même si on doit parfois dénaturer le sens du mot réussite.


En passant, comme je suis une langue sale, je ne comprends pas pourquoi on parle de malaise en éducation : la réforme ne devait-elle pas tout régler? : )

 

Le professeur masqué, Blogue Brouillon de poulet pour l’âne, dimanche, 29 novembre 2009

 

 

COMME FEMME ET COMME FÉMINISTE

Chatelaine

Commentaires sur l'enfant à la garderie, Il va y avoir du sport, Télé Québec, 2005

Débat entre Jean-François Chicoine & Diane Vandy

8 janvier 2005

 

J’ai pris le temps de lire tous les messages des dernières semaines. Toujours des points de vue très intéressants. J’aime les débats…Mais hier soir, quand j’ai écouté “Il va y avoir de sport”, je me suis demandé si on savait encore faire des débats…

 

Je ne pas si vous avez vu le débat portant sur l’accessibilité des garderies aux enfants de moins de deux ans, mais j’ai été terriblement déçue de l’attitude de Madame Diane Vandy, celle qui défendait les services de garde…J’ai senti qu’elle n’était pas du tout à l’écoute des propos de Jean-François Chicoine. Elle lisait des réponses écrites à l’avance et j’ai reçu chacune de ses paroles comme une agression.

 

On peut critiquer Jean-François Chicoine, le trouver réactionnaire, etc. mais on ne peut mettre en doute sa bonne foi et son courage d’étaler sur la place publique des résultats de recherches récentes sur le développement du cerveau des jeunes enfants. J’ai lu les résultats de ces recherches et je comprends son point de vue. Ce sont des résultats qui viennent bousculer l’ordre établi. J’admire le courage dont il fait preuve.

 

Lorsque le Dr. Chicoine s’interroge sur le bien-fondé d’envoyer de trop jeunes enfants en garderie, je ne crois pas qu’il le fasse sur le dos des femmes. J’ai trouvé très malhonnête que madame Vandy glisse sur ce terrain. Votons donc! Je suis féministe et c’est justement parce que j’ai à cœur le bien commun (un concept dépassé semble-t-il) que je veux qu’on me renseigne sur les résultats de ces recherches. Et c’est comme ça pour la majorité des parents. Oui, on veut faire carrière, mais je connais très peu de gens qui ont envie de risquer l’équilibre de leur enfant pour leur carrière.

 

J’avais l’impression que madame Vandy parlait vraiment à travers son chapeau. Elle défendait les services de garde en système établi, comme si c’était une corporation. Au lieu de chercher à combler les lacunes du système qu’elle défendait, elle faisait état des bons “scores” des garderies dans plusieurs domaines. On sait tous que les garderies ont du bon, mais le système peut être encore amélioré. Le nier, c’est laisser tomber les enfants.

 

Quand le Dr. Chicoine lui rappelle les nombreuses infections dont sont victimes les enfants, elle se contente de répondre que les enfants gardés à la maison sont malades aussi. C’est vraiment très, très malhonnête. Il y a quinze ans, je faisais partie d’un conseil d’administration de garderie et on cherchait à tout prix des moyens de réduire le nombre d’infections. Aujourd’hui on admet comme normal que les enfants attrapent douze rhumes par année. Je ne sais pas si madame Vandy est encore capable de se mettre dans la peau d’un enfant qui est tout le temps malade, mais si elle se donnait la peine d’y penser quelques minutes et qu’elle s’imaginait l’effet que douze rhumes et quatre otites/années pourraient avoir sur son moral et sa performance au travail (si elle ne réfléchit qu’en termes économiques), elle changerait son fusil d’épaule. Pendant qu’on s’inquiète des bactéries résistantes aux antibiotiques, on admet qu’un enfant puisse en consommer en moyenne quatre fois par année. Dites-moi o;ù est la logique là-dedans?

 

Mais où j’ai failli tomber de mon fauteuil, c’est quand elle a déclaré qu’étant donné que les parents ne proviennent plus de familles nombreuses, ils ne savent plus trop comment s’occuper de leurs enfants. C’est comme si c’était une chance que la garderie soit là pour les épauler… je pensais que la garderie était une mesure de soutien, pas qu’elle devait prendre la place des parents. Je commence à comprendre pourquoi beaucoup de mes copines ont des conflits ouverts avec leur éducatrice à la garderie. Plusieurs me disent que c’est tout juste si les éducatrices ne leur disent pas qu’ils sont de mauvais parents. Et c’est fou le nombre de parents que je croise qui se croient incompétents. Je passe mon temps à dire à mes amies de se faire confiance quand il s’agit des décisions qu’elles prennent pour leurs enfants…

 

Comme femme, et comme féministe, je ne me sentais pas du tout représenté par madame Vandy. Si quelqu’un a écouté l’émission, j’aimerais bien avoir son opinion.

 

Anne, 8 janvier 2005

 

REGRETTER D'AVOIR ADOPTÉ

La mère Blogue de La Presse

Commentaires sur Troubles de l'attachement: comment sortir du silence

Interview de Jean-François Chicoine

La Presse , 15 septembre 2004

 

On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. Certaines femmes optent pour la banque de sperme, avec les risques que l’on sait. D’autres vont du côté de l’adoption. Et le regrettent ….

 

Dur témoignage, sur ce blogue du webzine Salon, d’une femme qui confesse ses «regrets»: elle a adopté un petit ange de huit ans, de l’équivalent de la DPJ locale. Sage, souriant, brillant, même. Mais son historique familial aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, disons. «Je savais que les enfants qui ont été abusés, négligés, abandonnés risquent d’avoir des problèmes émotifs», dit-elle. Et comment …

 

Fiston devenu grand, il est devenu violent, voleur, menteur. Abonné des ailes psychiatriques, il était tantôt agressif, limite déviant, tantôt doux, gentil, athlétique. Un psy l’a diagnostiqué sociopathe. À vingt ans, il s’est retrouvé dans une gang de rue.

 

«Douze ans plus tard, je peux vous dire en toute connaissance de cause, que si c’était à refaire, je ne le referais pas.»

 

Ouch.

 

J’ai déjà rencontré une famille adoptive du genre, aux prises avec deux enfants souffrant de troubles de l’attachement. Comme le fiston en question. Le pédiatre Jean-François Chicoine  m’avait fait un commentaire très cru, d’une grande dureté, mais finalement très vrai: «Les gens (qui adoptent) ont toujours l’impression que l’amour va tout changer. Mais il y a des enfants qui vont mieux évoluer hors d’une famille. Ces enfants ont trop souffert, ils ont été trop longtemps en institution pour profiter des liens d’une famille.»

 

Silvia Galipeau, Mardi 28 juillet 2009

 

 

Derniere révision: avril 2014

 

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