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LE BÉBÉ ET L’EAU DU BAIN

 

Auteurs : Jean-François Chicoine & Nathalie Collard

Gestion de projet : Rémi Baril

 

Le monde est ailleurs/Éditions Québec Amérique

Québec, 2006


 

PHOTO Quebec Amérique: Salon du livre de Québec 2006

Sur la photo: Jean-Francois Chicoine, Nathalie Collard, Jean Fugère

 

La sortie du livre Le bébé et l’eau du bain du docteur Jean-Francois Chicoine et de Nathalie Collard a suscité un vif débat sur le bien-fondé de confier universellement à la garderie les très jeunes enfants (ou de ne pas les confier…).

 

En toute subjectivité, nous transmettons certaines des réflexions des pères et des mères, sur le livre et sur ce qu’on en a dit, de celles qui nous ont semblé les plus porteuses. Si les auteurs de ces leçons de chose, parfois plus personnelles, ne souhaitent pas ou ne souhaitent plus se voir ici, prière de nous informer pour qu’on puisse les retirer du site dès que possible.

 

Je me sens dévisagé

« Je suis un jeune père de 30 ans, mon fils a maintenant 5 ans, et mon vœu le plus cher avec ma conjointe, était de lui donner le maximum de notre présence pour les 3-4 premières années de sa vie, afin qu'il s'épanouisse en tant qu'enfant dans une famille, et que nous-mêmes puissions nous épanouir en tant que parents et veiller à son éducation. Au départ, nous nous étions entendus ma conjointe et moi, que la venue d'un enfant dans notre couple impliquerait des compromis (je ne veux pas appeler ça des "sacrifices "), et que les plus importants seraient que l'un des parents soit à la maison pour les 3-4 premières années, et que l'éducation se fasse en symbiose entre elle et moi; chaque décision prise par l'un est approuvée par l'autre, car chaque élément de l'éducation qu'on voulait lui donner était établi d'avance.

 

Je sais trop bien que pour des familles monoparentales il est impossible de permettre un tel avantage aux enfants, je sais que pour des femmes de carrière un arrêt aussi long (même pour le père qui déciderait de rester à la maison) représente une grande problématique de retour au travail... Mais là où je rejoins votre discours, c'est justement toute la pression exercée sur ces parents à retourner au travail et à "institutionnaliser " nos enfants dans des CPE à peine à 6 mois... Je crois être dans la même veine que votre discours "enflammé " en me disant que la société actuelle pousse littéralement les adultes au travail à maximiser leurs profits financiers et la performance au travail comme s'il s'agissait des seules valeurs réelles existantes. On laisse de plus en plus de côté des valeurs plus fondamentales comme le respect, la confiance, l'amour, l'éducation...

 

Je me sens dévisagé lorsque j'expose moi-même ce discours où je prône la présence parentale dans les premiers âges de l'enfant... Je "recule " dans l'évolution en pensant ainsi selon plusieurs. J'ai un goût amer de constater que la vision de la société qui se dessine prône une sorte de production d'enfants à la chaîne qui seront éduquées par des inconnus en institution, et dont les parents se sentiront étonnés plus tard du comportement de leurs propres enfants qui leur seront des quasi inconnus... Merci de porter le message que nos enfants sont un gage d'avenir, et non pas un gage de "réussite familiale " ou "trophée de la petite famille parfaite ". Un papa qui croit en la vie, mais de moins en moins en la société qui se dessine... »

J. C. B., Québec, 2006

 

La préparation à la naissance

« Le but de mon message est multiple. D’abord pour vous féliciter pour tout ce que vous faites pour les enfants au Québec, on ne reçoit jamais assez de tape dans le dos. Chapeau! Ensuite, encore pour vous féliciter pour avoir osé écrire un livre comme LE BÉBÉ ET L'EAU DU BAIN avec votre amie Nathalie Collard. Vous pouvez lui transmettre mon message aussi. Je ne peux pas dire que je comprends la totalité de votre ouvrage, même si c'est très bien vulgarisé pour des non-adeptes de la médecine et que je suis d’accord avec vous sur la presque totalité de vos commentaires.

 

Depuis la naissance de ma fille, je regarde plus attentivement comment la société québécoise s'occupe de la relève et franchement ça me fait peur. Je travaille dans un excellent C. P.E. (…) et même ici, il y a des limites à ce qu'on peut faire avec le système mis en place par le gouvernement. Ce qui m'a le plus marqué de votre livre et ce qui me marque (…), c'est de voir à quel point les futurs parents québécois sont laissés à eux-mêmes avec si peu d'outils, à la naissance de leur enfant. La préparation et la formation qu'ils reçoivent sont tout simplement déficientes. Les cours prénatals offerts dans les CLSC sont complètement désuets. Ce n'est pas sur l'accouchement, qui dure quelques heures et ou les parents sont entourés de spécialistes, que l'on doit surtout leurs donnés une préparation adéquate, mais sur le APRÈS, quand ils arrivent à la maison avec le bébé et qu'ils se retrouvent seul, prêt à céder aux pressions sociales de tout le monde qui essaie de leurs dire quoi faire et comment le faire. Mon bébé pleur, ne dors pas, ne mange pas, c'est normal? Les parents ne savent pas comment faire de l'éducation, tout ce qu'ils font, c'est reproduire le modèle de leurs parents, pis comme il est souvent déficient, les gaffes continuent de se perpétrer de génération en génération, car très peu sont assez curieux pour s'informer et essayer de comprendre pourquoi.

 

Ah oui, pendant que j'y pense, s.v.p. arrêter d'enseigner à vos étudiants, si c'est pas déjà fait, la fameuse méthode 5-10-15 pour faire dormir un bébé. C’est une aberration qui détruit le lien de confiance et qui à long terme provoque des crises adolescences épouvantables et ou les parents se demandent qu'est-ce qu'il arrive à leur enfant. Au mieux, passer le message à vos collègues professeurs, il existe d'autres méthodes Bon Dieu! (…) »

P. B., éducateur en garderie, Québec, 2006

 

Un bon employeur

Je suis heureuse qu’enfin un spécialiste, comme le docteur Chicoine, pose LA question sur les bébés dans les garderies.  Je suis mère d’une magnifique petite fille de 13 mois, et je viens tout juste de recommencer à travailler avec beaucoup de culpabilité… J’ai engagé une magnifique mamie pour s’occuper de ma petite Lily-Rose à la maison, justement pour ce que vous appelez… le lien d’attachement. Ainsi elle est dans ses affaires avec une seule personne, quand son père ou moi sommes au travail.  J’ai même coupé une journée de travail afin de passer une journée de plus avec elle. J’ai un employeur compréhensif et je peux ainsi passe plus de temps avec l’amour de ma vie.

Maude Simard, La Presse, Montréal mardi 28 mars 2006

 

Une invitation au questionnement

« (…) J’ai lu votre livre Le bébé et l’eau du bain au complet et avec beaucoup d’attention. Vous avez sans doute contribué à changer la vie de mon enfant, ce qui n’est pas banal. Puisque vous semblez aimer les histoires, j’aimerais vous en partager une.

 

Je vous ai vu à une émission, avant que vous ne passiez à Tout le monde en parle, et j’ai mal réagi à vos propos concernant la garde en bas âge. Je ne me rappelle plus pourquoi exactement, mais je n’avais pas été convaincu par ce que j’avais entendu. Je me demandais comment on pouvait faire des recherches qui arrivaient à de telles conclusions étant donné l’aspect multifactoriel de la question. Je n’aimais pas la forme. Ma conjointe m’a dit : « Si tu écoutes le contenu, ce n’est pas bête. ». Le lendemain, je me suis dit : « Il a peut-être raison, mais quand même… ». Beaucoup plus tard, je me suis dit que c’était normal de s’emporter si vous aviez raison. D’habitude, si j’ai une bonne opinion de quelqu’un, ce n’est pas seulement pour un seul sujet. J’avais déjà beaucoup de respect pour vous après vous avoir vu discuter de l’homéopathie à Il va y avoir du sport, alors que je partageais entièrement votre opinion. Pourquoi, dans le cas des garderies, j’ai eu tant de difficultés à vous comprendre ? Je crois que c’est parce que ce dont vous parliez est trop loin de ce que nous savons ou avons entendu sur les enfants. Pourtant, à la lecture de votre livre, cela devient si évident et naturel qu’il n’y a plus de raison de se surprendre de vos propos en ondes. Pour vous qui êtes dedans au quotidien, il était sans doute difficile de parler de ce sujet sans omettre plusieurs détails importants qui sont des évidences pour vous, mais qui sont tout de même nécessaires à ceux qui n’ont pas du tout été en contact avec avant.

 

Première constatation effectuée suite à la lecture de votre livre : il y a un vide dans notre culture populaire concernant certains aspects de l’éducation des enfants. Je me considère assez bien informé et je n’ai jamais rien lu qui parlait de ce dont vous traitez dans votre livre. Et la question est pourtant si importante. Chaque année, je prends connaissance d’une foule de nouvelles données concernant l’alimentation, l’exercice, les technologies, les neurosciences, le cerveau, le sommeil et jamais je n’ai lu quoi que ce soit sur votre sujet, que ce soit dans les journaux ou des magazines. J’ai lu quelques ouvrages sur l’éducation des enfants et je n’y ai pas plus trouvé d’information à ce sujet.

 

Pourquoi j’ai lu votre livre ? Je vous ai promis une histoire. Je la continue. Votre apparition télévisée était déjà un peu loin quand j’ai eu mon fils en septembre 2006. Nous avons tout fait en suivant généralement les conseils trouvés dans les livres et avec quelques ajustements basés sur notre intuition. 9 mois plus tard, il est parfait (pour nous, évidemment)! Il a toujours été parfait. On ne l’a jamais laissé pleurer, ce qu’il ne fait d’ailleurs pratiquement pas, il a toujours mangé facilement et n’a avalé que des bonnes choses, il est encore allaité, il semble très intelligent, est précoce au niveau moteur, est heureux tous les jours, presque toujours sauf quand il a mal aux dents, il n’est pas malade... Il rayonne et se sent bien avec ses deux parents très branchés sur ses besoins. Il n’a jamais été gardé, mais quand nous avons senti qu’il était prêt, son père l’a amené avec lui seul faire des sorties sans la mère, ce qu’il a très bien accepté. Sur chaque choix à faire en matière d’éducation, ma femme et moi avions un accord spontané et souvent une réflexion, basée sur les livres et notre sentiment. Tout nous venait naturellement et nous étions surpris d’être toujours sur la même longueur d’onde. Nous nous étions dit, dans toute notre planification détaillée, que le petit irait à la garderie après un an quand ma conjointe irait travailler. Nous pensions qu’un an, c’était beaucoup. Il marcherait, alors il pourrait interagir avec les autres, ça lui ferait du bien de voir d’autres enfants, il apprendrait à ne pas prendre toute la place, il ferait des activités, vous voyez ce que je veux dire quand je parlais de culture populaire…

 

À 9 mois, il faut le placer parce que c’est maintenant qu’une des rares places en CPE se libérait pour nous, les « chanceux ». Comme notre bébé semble très bien, on se dit qu’on pourrait sans doute commencer très lentement, une heure par jour et augmenter tranquillement jusqu’à faire des 4 heures, notre objectif étant de s’arranger pour qu’il n’aille jamais plus de 4 heures par jour au CPE, le plus longtemps possible et au moins jusqu’à 2 ans. Une visite à son futur centre nous rassure : c’est bien organisé et son éducatrice est bien formée. Ma femme a de la difficulté à dormir depuis déjà quelques semaines, avant la première journée de garde. Je lui suggère de rester avec le petit la première fois pour qu’il puisse s’adapter à son nouvel environnement avec sa base de sécurité maternelle pas loin, comme on fait quand on va partout ailleurs. Habituellement, après 15 minutes, il est bien et profite seul de la nouveauté en jetant occasionnellement un coup d’œil sur sa mère pour s’assurer qu’elle est toujours là. « C’est sûr qu’ils vont nous laisser faire, voyons. Je sais bien que ce n’est pas très agréable pour elles d’avoir un parent qui les regarde, mais elles vont comprendre que c’est pour le bien de l’enfant et que ça va faciliter la transition ». Nous sommes chanceux : l’éducatrice qui ne veut pas de parents dans sa pouponnière n’est pas là et la nôtre laisse ma femme rester avec notre fils. Après une heure, ma femme revient. « Tu iras demain. Tu comprendras ». Notre fils a eu à peu près 5 minutes d’attention. Notre éducatrice est très correcte, mais elle n’a pas le temps! Quand l’autre éducatrice essaie d’endormir l’un des nourrissons et que la nôtre doit changer une couche, il reste 8 enfants seuls par terre. Notre éducatrice les surveille et essaie même de stimuler les plus vieux en les faisant chanter, mais les plus petits restent en attente. Les enfants qui fixent le mur en ne disant rien sont qualifiés de facile, comme celui que la mère a déposé par terre avant de repartir aussitôt sans l’embrasser à sa première journée de garde. On se félicite qu’ils ne pleurent pas. Ils s’adaptent bien. Notre fils, habitué à ce qu’il y ait pas mal plus d’action, va se faire traiter d’enfant difficile parce qu’il va rouspéter ou essayer de faire quelque chose de plus intéressant comme lancer un camion pour voir le bruit que ça fait. Je suis allé les deux jours suivants, une heure et une heure et demie respectivement, toujours avec mon fils, mais en essayant de demeurer en retrait pour qu’il profite du milieu tout en pouvant revenir se faire rassurer au besoin. Contrairement à ce qui se passe habituellement dans les nouveaux endroits, il n’aime pas ça. Je pense qu’il y a trop de bruit pour lui. Il n’arrive pas à se concentrer. Lui qui adore se faire montrer des images d’un livre depuis qu’il a 4 mois et qui peut habituellement rester concentré très longtemps, il n’est pas bien ici. Il touche un peu aux autres petits, mais ne s’y intéresse pas vraiment. Il pleure, revient vers moi, retourne et pleure encore. Étrange. Pourtant, je suis avec lui. Il pleure beaucoup. Plus qu’il n’a jamais pleuré, lui qui ne pleure presque jamais, sauf quand il n’est vraiment pas bien. Il est capable et aime se lever debout mais n’a pas d’équilibre alors il faut le surveiller constamment à la maison pour éviter qu’il se cogne la tête en tombant. Avec un ratio d’1 pour 5 tous pareils (des petits qui demandent beaucoup de soins), même la meilleure éducatrice ne peut pas empêcher un petit comme ça de se faire mal. Il tombe quelques fois, mais celles où il se serait fait très mal, je l’ai attrapé. Durant ces trois jours, le corps nous brûle par en dedans. On dirait qu’intuitivement, nous savons que nous faisons quelque chose de « pas correct », même si on n’a pas encore laissé notre enfant seul là-bas. Il doit sentir notre stress parce qu’il dort moins bien.

 

Après la deuxième journée, je dis à ma conjointe qu’on devrait acheter Le bébé et l’eau du bain. Je luis dis : « J’y avais pensé la veille, mais j’hésitais à t’en parler tout de suite. Je suis sûr que si on fait ça, on ne pourra pas le laisser en CPE, mais je pense qu’on devrait l’acheter quand même, car on fait peut-être la plus grave erreur de sa vie. » À la lecture, tout est devenu évident. Nos intuitions étaient confirmées. À 9 mois, qu’est-ce qu’on a pensé ? Comment, nous qui avons pris, je crois, de bonnes décisions dans la plupart des autres aspects de l’éducation de notre enfant, avons-nous pu croire que c’était très correct d’envoyer notre bébé à la garderie à 9 mois parce qu’il était bien et sécurisé avec nous ? Qu’il aurait déjà eu 9 mois de bonheur avec nous, le chanceux ? Je ne comprends pas, ou plus. Je me l’explique seulement par l’écart énorme entre le discours ambiant et l’état de la recherche. On ne parle pas de ça. On est ignorant là-dessus. C’est pourquoi j’ai réagi, sans doute, la première fois que je vous ai vu à la télé.

 

Oui, c’est culpabilisant votre discours dans un sens parce que le parent n’est pas plongé dans votre réalité. À certains endroits dans votre livre, vous critiquez avec raison nos choix en tant que parents de travailler pour consommer et de ne pas être plus créatifs. Mais le lecteur attentif y verra plutôt une invitation au questionnement qu’un blâme, sauf pour certains qui devraient se sentir visés. Le parent qui n’est pas plongé dans votre réalité ne peut pas comprendre pourquoi il ferait des sacrifices dans sa carrière s’il ne comprend pas bien ce qu’il sacrifie. Mais ce n’est pas là-dessus que je me suis senti coupable. Je me suis senti coupable de ne pas avoir été assez informé. De n’avoir jamais vu l’évidence qui était là devant moi avant d’être rendu au CPE avec mon petit sur lequel nous sommes heureusement extrêmement bien branchés. D’avoir réagi négativement à vos propos. Pourquoi ? Parce que si ça m’est arrivé, il y a plein d’autres gens qui n’auraient pas plus souhaité que les choses changent, que le gouvernement ajuste ses politiques pour permettre aux familles désireuses de respecter l’évolution naturelle de leur enfant puissent le faire et surtout qu’on les informe!! Moi qui croyais que les milieux familiaux étaient beaucoup moins intéressants que les CPE pour les aspects sécurité, nourriture et éducation, j’avais en partie raison. Mais l’aspect affectif, le plus important à cet âge… J’ai tout compris en lisant les sections traitant de l’attachement. J’ai pleuré d’avoir évité à mon enfant un grand stress inutile et peut-être même dommageable pour lui, en partie grâce à vous. Ma conjointe et mois savons trop bien comment des traits évitant ou anxieux peuvent nous empoisonner un petit peu la vie plusieurs fois par semaine si on ne fait pas attention. Le plus beau cadeau à faire à mon fils, c’est un mode d’attachement sécurisé. Nous avons décidé de faire ce qu’il fallait pour que notre fils soit heureux, alors il n’ira pas au CPE avant 2 ans et peut-être même 3 si possible. Ma conjointe doit absolument aller travailler parce que si elle manque sa chance, elle pourra difficilement avoir une carrière dans son domaine. J’ai demandé un congé de paternité de mon doctorat. S’ils n’acceptent pas, je devrai sans doute faire passer mon fils d’abord. Sinon, je continuerai plus tard. Je travaille à temps partiel depuis longtemps et je continuerai de le faire parce que j’ai un bon emploi, avec un horaire flexible. Je m’occupe maintenant de mon fils à mi-temps et ma conjointe fera l’autre moitié. Nous travaillerons le soir en partie pour nous permettre d’avoir toujours Noé le jour avec un de nous deux. Je pense même que ça lui fait du bien que je m’en occupe sans sa mère l’après-midi.

 

Monsieur Chicoine, merci de tout cœur pour votre livre. Le travail que vous faites est extrêmement important. Votre livre a été un appui important dans notre décision. Tout nous menait dans cette direction, notre corps qui nous parlait, comme notre réflexion, mais nous étions seuls dans un monde où les autres parents ne peuvent pas comprendre sous peine de devoir se remettre en question eux-mêmes, ce qui est trop coûteux quand il s’agit de la vie de nos enfants. Votre livre nous a permis de vivre ce que l’on voulait en sentant pleinement que l’on faisait la bonne chose, étant donné la personne particulière qu’est notre enfant.

 

Quand je vous ai cherché sur Internet, j’ai trouvé beaucoup de commentaires négatifs et souvent très mal informé, même chez certains chroniqueurs. Les gens vont ont prêté toutes sortes d’intentions que vous n’avez évidemment pas à la lecture de votre livre. Permettez-moi de vous dire qu’il y a des gens qui ont grandement profité de votre réflexion et qui j’espère en ont saisi les nuances. Mais c’est parce que les circonstances m’y ont forcé. Je n’ai pas lu un livre non scolaire de cette taille depuis plus de 15 ans parce que je n’ai pas le temps. J’aimerais que d’autres qui n’ont pas compris puissent avoir une seconde chance. Votre travail est extrêmement important, je crois. On ne peut pas mesurer toute l’ampleur des conséquences de nos pratiques parentales, mais je n’ai pas de mal à imaginer une société qui fait des choix politiques bien différents parce que ses nouveaux citoyens en âge de voter ne sont pas comme leurs parents. J’ai peur. J’espère que l’éducation pourra permettre à tous les parents à venir de pouvoir au moins faire un choix éclairé et aux autres d’encourager des politiques qui vont contribuer à bâtir le Québec que nous souhaitons devenir. (…) »

A.L., Québec, 2008

 

La maison buissonière

Je vous suggere fortement la lecture du livre Le bébé et l’eau du bain du pédiatre Jean Francois Chicoine avec Nathalie Collard. Ils expliquent en long et en large comment la garderie peut affecter les enfants en s’appuyant sur les connaissances actuelles du developement de l’enfant. S’il est vrai que le petit s’adapte, cela ne veut pas dire que la situation soit dans son meilleur interet. L’enfant qui bénéficie d’une figure d’attachement solide sera plus sécure et plus autonome. La panoplie d’objets de transition;doudous, toutous,suces qu’utilisent ces petits pour remplir la carence affective m’inquiete. Qu’arrive t’il quand on s’habitue si jeune a remplacer un besoin affectif par un objet? Les gains financiers des parents dont l’enfant est a la garderie a temps plein avant 2-3 ans valent ils vraiement ce qui est sacrifié? La garderie a été crée au départ pour les enfants dont les parents vivaient des difficultés pouvant atteindre le developpement de l’enfant, pas pour remplacer la famille. La famille saine demeure le lieu idéal pour le developement de la sécurité affective de l’enfant qui lui permetra de se projeter dans le monde social avec plus de confiance. Il existe a Montréal un lieu, calqué sur la maison verte de Paris, créée par Francoise Dolto ou l’enfant peut vivre ses premières expériences sociales en compagnie de sa figure d’attachement principal. C’est la maison buissonière.

Julieane, 2008 sur La mère blogue

 

Quelqu’un qui me comprend

« Enfin quelqu'un qui me comprend! (…) Je suis tout à fait de votre avis, et je dois me battre pour cela depuis huit ans... Il est très difficile d'avoir cette mentalité dans notre société d'aujourd'hui... j'en sais quelque chose. Lorsque j'ai eu un enfant, j'ai quitté un très bon emploi (…), afin de passer le plus de temps possible avec mon enfant... C'est le plus beau cadeau que je me suis fait de toute ma vie! Plus je passais de temps avec mon fils et plus je me disais qu'il était hors de question que je laisse la personne la plus importante de toute ma vie dans une garderie.  Heureusement, mon conjoint était du même avis. Nous avions un commerce à la maison, j'ai donc décidé de m'y impliquer, car c'était la solution pour pouvoir continuer de m'occuper moi-même de mon enfant.  Évidemment, cela demandait de faire des compromis puisque nous n'avions plus mon salaire qui venait de l'extérieur. Nous avons donc décidé de garder la même voiture le plus longtemps possible, d'acheter des vêtements moins chers, de couper sur des choses superficielles finalement (…). Notre fils a maintenant huit ans, on le fait rarement garder, nous l'amenons partout avec nous, dans les hôtels et les grands restos, ou il passe facilement trois heures à table sans se lever.  C'est drôle, car presqu'à chaque fois, lorsqu'une personne plus âgée passe près de notre table, elle nous dit : votre garçon est vraiment très gentil!  Mais jamais des personnes de notre âge nous font de telles remarques, c'est plutôt le contraire, on se fait souvent dire : vous devriez le faire garder plus souvent... ça lui ferait du bien!...Pourtant, c'est un enfant qui rayonne de bonheur!??? Aussi, les gens ne comprennent pas pourquoi je termine tôt pour pouvoir être avec mon enfant après l'école, plusieurs pensent que notre entreprise pourrait prendre beaucoup plus d'ampleur et devenir beaucoup plus riche!  Mais nous ce qu'on veut c'est du temps en famille et de qualité... Tous ceux qui nous critiquent font sans cesse garder leurs enfants, ils travaillent sans arrêt tous les deux et ont des grosses maisons, avec des voitures de trente mille dollars et des vêtements signés... À mon avis, tout cela ne vaudra jamais le bon temps que je passe avec mon fils, et il semble très heureux lui aussi (…). Continuez votre excellent travail! »

J.D., Montréal, Québec, 2006

 

Les besoins de nos enfants

« Je suis maman d'un garçon nommé L., il a 17 mois. J'ai allaité jusqu'à ce qu'il ait 14 mois et j'ai dû retourner au travail à la fin de mon congé (12 mois) par chance j'ai mon père (son grand-père) qui vient à la maison garder de 12 h à 17 h. Je vous écris, car j'ai lu votre livre Le bébé et l'eau du bain, lequel j'ai adoré! Je le recommande à toutes les familles qui m'entourent et je pense que tout le monde devrait le lire ou du moins en prendre connaissance. Je vous lève mon chapeau, car peu de médecins ont osé parler ouvertement des problèmes sociaux de notre société. Je trouve que les médias ont mal présenté vos idées et que votre livre parle beaucoup plus que juste la garderie comme certains peuvent le croire. Je suis à vos côtés dans votre débat sur l'enfance, l'attachement et les services offerts à nos enfants. Les besoins de nos enfants doivent être mis sur la place publique, il est temps que nous disions les vraies affaires!!! Félicitions à vous et Nathalie, vous avez fait du bon travail dans votre livre, maintenant c'est à nous les parents d'en faire autant! »

J.B., Québec 2006

 

Un projet de société

« J'ose espérer que l'on saura retenir l'essence de votre plaidoyer pour les enfants, que les femmes n'y verront pas une menace, mais plutôt, qu’hommes et femmes puissent faire une réflexion, et une action qui sauront installer un projet de société pour aider nos enfants à s'épanouir (et pourquoi cela ne serait-il pas possible de se faire dans l'harmonie autant pour les hommes et les femmes).  Donner vie aux enfants n'est pas seulement une "affaire " physique, mais tout aussi importante, émotionnelle, morale, etc..  Ne vaut-il pas la "peine ", ou plutôt le plaisir, de donner du temps à nos enfants? Donner la vie est comme préparer une personne pour un long voyage.  Si la valise et les bagages sont bien remplis et bien fait, le voyageur saura trouver ses ressources sur sa route à lui-même, en tant opportun. Merci, et j'ose espérer que la peur de perdre des acquis (surtout pour les femmes), saura faire face à une nouvelle façon de "gérer " l'éducation. Et franchement, je ne crois pas qu'il existe beaucoup de femmes heureuses de retourner au travail qu'après quelques mois... c'est souvent par obligation... mais nous avons le pouvoir de nous donner des moyens sociaux. Surtout avec les données scientifiques que vous nous apportez. Au lieu de réagir par la peur et la culpabilité, il y a une belle occasion d'apporter un projet de société. J'ose aussi espérer que les hommes y entendront un appel à s'impliquer comme pères. »

G. B., Gatineau, Québec, 2006

 

Vous avez dit des choses

Je suis une jeune maman. Je suis de celle qui aimerait bien rester à la maison pour élever mes enfants, mais qui malheureusement n'a pas les moyens financiers. Je dois aller travailler. L'été dernier (en août) je suis retourné au travail après un an passé avec ma fille. Je n'avais pas du tout envie de retourner au travail même si j'adore celui-ci. Le pire pour moi c'est passé, ma fille n'a pas du tout apprécié d'être séparé ainsi de sa mère, elle ma en quelque sorte renier. C'est difficile pour une maman d'arriver de travailler et de voir sa fille pleurer ou faire des crises parce que je veut lui faire un câlin, parce que je me suis ennuyé. J'en étais à aller consulter après quelques mois, mais heureusement pour moi je suis de nouveau enceinte et je suis de nouveau à la maison grâce au retrait préventif (CSST). Bref, tout est rentré dans l'ordre maintenant. Je tiens à souligner que je n'ai pas eu de difficulté à couper " cordon " avec ma fille. Elle va toujours à la garderie quelques reprise dans la semaine, question de me laisser reposer. En tout elle à trois personnes à qui elle peut avoir confiance. Je crains par conte que tout ce scénario revienne quand je retournerai au travail. On verra bien à ce moment-là! (…). Vous avez dit des choses qui m'ont touché énormément et j'espère que vous réussirez à vous faire entendre.

M., Beauport, Québec, le 21 juin 2006

 

La place de l’enfant

Je crois que la place de l’enfant est avec ses parents. C’est ce que nous faisons, ma blonde et moi.  Je crois que la plus grande partie du problème réside dans le fait que les parents sont trop égoïstes pour avoir des enfants.  Quand j’entends (ou lis) que certains n’ont pas assez d’argent pour rester à la maison, je pense toujours aux écrans plasma, aux deux autos neuves, au condo… Et ça me désole…

Dany Carpentier, La Presse, Montréal, le mardi 28 mars 2006

 

Des choses ont changé

« Je vous vois beaucoup à la télé, je vous entends souvent à la radio, je vous lis quand c'est possible, je veux vous dire que j'admire beaucoup ce que vous faites et sans trop exagérer, vous êtes mon idole. Vous êtes un guide pour moi, comme maman et comme adulte responsable envers ses enfants.  Je tenais à vous le dire, même si ça peut paraître bizarre. Ce n'est pas mon style de faire ce genre de choses, mais cette fois-ci, je voulais le partager. Je suis maman de deux garçons, 5 ans et 3 ans dans 2 mois et d'un troisième petit bébé qui est en route, garçon ou fille, on l'ignore encore.  À la naissance de mon premier, le déclic s'est fait automatiquement dans ma tête. Il était impensable pour moi de confier mon tout petit à un autre, je l'avais mis au monde, c'était à moi de m’en occuper. J'ai trouvé cela difficile au début, mais j'ai persisté. J'ai trouvé du travail à la maison et je confiais mon garçon à une gardienne en or deux jours par semaine, cela vers l'âge de dix-huit mois.  Depuis, bien des choses ont changé.

 

Nous habitions Montréal et à la naissance du deuxième, nous avons décidé de partir.  Nous nous sommes retrouvés en région(…), nous avons acheté une maison (chose qui était impensable si j'étais resté à la maison à Montréal), nous vivons simplement, une voiture seulement, pas de voyage ni de gros soupers au restaurant, nous avons tout ce qui nous faut et bien plus.  Je travaille à temps très partiel, 2 jours par semaine pendant que ces deux journées les enfants sont à la garderie du village. Ils voient des amis, ils s'amusent et maman se change les idées en faisant un petit peu de sous. Ensuite, on profite du temps passé à la maison.  Deux jours de garderie pour les enfants, c'est bien assez et c'est pareil pour les deux journées de travail de maman. Bientôt, nous ferons un grand jardin, les enfants joueront dans la cour et tranquillement nous allons nous préparer à la venue du petit nouveau dans la famille. Nous avons fait des choix.  J'ai peut-être la chance d'être quelqu'un pour qui le travail ne passait pas avant tout, mais nous avons fait des choix de vie. Je suis allée dernièrement en banlieue de Montréal et tout me saute aux yeux. Je peux comprendre pourquoi il faut que les deux parents travaillent. Il faut payer la grosse maison toujours vide, les deux grosses voitures, les assurances, les taxes, les frais de garderies, si les gens se mettaient à compter réellement tout ce que leur vie leur coûte en dépenses de toutes sortes, ils pourraient économiser et faire des choix eux aussi.  Il n'y a pas de mal à être à la maison et si plusieurs faisaient pareil, les rues de banlieues ne seraient pas si tristes et si tranquilles à 10 heures le matin. Je n'ai pas à juger ce que les autres décident de faire, mais je trouve déplorable qu'un petit bébé de 6 mois soit obligé d'aller à la garderie 5 jours par semaine, de 7 h 30 le matin à 17 h 30 le soir. Et je ne dis pas ça dans les airs, j'ai des exemples flagrants tout autour de moi.  Vous trouvez ça normal qu'un parent soit obligé d'envoyer son bébé de 8 mois à la garderie à temps plein sinon il perdra sa place et sera remis sur la liste d'attente? Foutu système de fonctionnaire qui ne comprennent rien aux petits bébés.  Et les parents qui ne s'indignent même pas parce que c'est normal, parce que c'est si difficile d'avoir une place, peu importe où. J'essaie de faire comprendre à beaucoup de mamans autour de moi qu'elles passent à côté de quelque chose, autant pour elle que pour son enfant. Dans mon petit coin de province, j'ai la chance de ne pas être la seule, qu'il y a beaucoup de maman qui ont fait ce choix et on voit aussi la différence que les familles sont plus nombreuses. Plusieurs familles ont trois enfants et plus.  Nous sommes en train de remplir la petite école du village...

 

Si vous saviez comme je ne regrette pas mon choix d'être restée avec mes enfants. Je ne me considère pas vieux jeu, je n'ai que 31 ans.  J'ai pu allaiter mon ainé pendant 13 mois, mon deuxième pendant 8 mois et compte en faire tout autant avec le prochain.  J'ai été présente quand ils ont appris à marcher, à parler, à être ce qu'ils sont.  Je les regarde aujourd'hui et je vois des enfants heureux, qui sont encore des enfants et qui savent s'ennuyer à l'occasion.  Ils n'ont pas le stress de toujours se dépêcher et même c'est parfois difficile de les faire partir de la maison quand c'est le temps!  Ils sont bien chez eux, avec papa et maman qui sont ensemble depuis 12 ans et toujours heureux.  Ce n'est pas toujours facile mais je ne changerais pas ma vie contre beaucoup de femmes de ce monde.  Je suis heureuse et je ne me sens pas dévalorisée pour ce que je fais, au contraire, je sens que je fais ma vie de femme et maman à fond. Ce n'est peut-être rien comme témoignage, nous faisons notre petite vie.  Nous avons le temps de jardiner, de cuisiner, d'économiser, de jouer, de nous aimer, de nous amuser, de nous chicaner, d'être écologiques, d'être heureux, nous avons du temps, notre vie nous amène toujours des surprises.  Nous n'organisons rien des mois et des années à l'avance, nos n'avons pas de REER, pas d`épargne études, pas de fonds de placement nous vivons avec ce que nous avons et nous sentons le moment présent.  Plusieurs penseraient que c'est impensable, qu'il faut penser à plus tard, mais je trouve que c'est maintenant l'important. Je ne regretterai pas les années où j'aurais pu faire autre chose. Il faut accepter de faire des compromis.

 

Nous ne sommes pas parfaits, mais d'après moi, je pense que nous ne sommes pas un mauvais exemple pour autant. Je suis 100 % d'accord avec vos idées, vous en avez tellement vu dans votre clinique que vous savez de quoi vous parler. Je vous cite souvent et je crois que je vais offrir en cadeau votre livre à beaucoup de parents autour de moi, ils ont bien besoin de se faire remettre les idées en place. Continuez à faire votre merveilleux travail, si ce n'est les parents, ce sont les enfants qui en ont besoin. Félicitations mille fois encore, je tenais à vous le dire. »

A., Québec, 2006

 

Cœur de mère

Notre désir d'enfant est venu tardivement, après les voyages autour du monde, la découverte et la liberté absolue.  Rien ne peut préparer un adulte et encore moins un couple, à l'arrivée d'un être si dépendant qui chamboule toute une vie.  Car il ne faut pas se leurrer.  Les grasses matinées, les soupers en tête à tête à la chandelle et les soirées DVD sans interruption ne sont que des souvenirs de plus en plus lointains.  Du même coup, rien ne peut nous préparer à cet amour, cette tendresse, cet incroyable attachement inconditionnel dès que l'on pose les yeux sur elle.  On se découvre un second cœur et avec lui, un second souffle pour survivre aux premières semaines et aux premiers mois qui donnent parfois l'impression de participer, bien malgré nous, à un marathon sans fin. Car tout n'est pas rose une fois la sécurité de l'hôpital et l'expertise du personnel infirmier loin derrière. Bien que ce soit notre chair et notre sang, son mode d'emploi se trouve dans un labyrinthe dont nous cherchons toujours l'emplacement.  Pourtant, à force d'essais et erreurs, se cachent un confort, une confiance et une paix qui grandissent avec elle. Et voilà qu'arrive, sans crier gare, cet instant où notre univers douillet s'écroule pour faire place aux doutes et à l'incertitude d'une éventuelle séparation.  Car les mères de mon entourage me le confirme: après 10 ou 11 mois de sacrifices, au moment ou l'estime de moi devrait être à son plus bas, le retour sur le marché du travail comme une lumière au bout du tunnel.  Enfin, la vraie vie qui doit recommencer, tu dois tellement avoir hâte, non?  Tu dois t'ennuyer terriblement!   Adieu allaitement, changement de couche, guiliguili et isolement.  Enfin, le retour en société civilisée...Pour moi, c'était adieu petite sieste d'avant-midi avec ma petite puce bien assoupie sur mon épaule et son souffle chaud dans mon cou.  Adieu sourires radieux en attendant cette cuillère pleine de bonnes céréales chaudes.  Adieu petits bras tendus réclamant une caresse, demandant d'être consolée, cajolée, embrassée.  Jamais de la vie... Le 10 septembre dernier, prête au combat et décidée comme jamais dans ma vie, j'insultais toutes les féministes de ce monde et courrait supplier mon employeur de m'accorder un prolongement de congé de maternité de six mois. Inutile de mentionner que ce qui était une évidence pour moi l'était moins pour mon entourage.  Je suis mère-poule, je refuse à ma fille de socialiser, je suis incapable de m'en détacher, et blablabla... Mais mon cœur de mère connaît la vérité et rien ni personne ne me fera changer d'idée. 

 

Car voilà, notre société nous encourage à mettre des enfants au monde sans nous donner le moindre outil nous permettant de subvenir à leur besoin en les considérant comme des citoyens de second ordre. Mon désir d'enfant ne doit pas entraver mon désir de réussite professionnelle.  Mon désir d'enfant ne doit pas entraver ma liberté d'action ni ma vie sociale. Avoir un enfant ne doit rien changer dans ma vie. Mais voilà, quelqu'un doit payer la facture. Quelqu'un doit assumer les coûts de cet échec de conciliation non seulement entre la vie de travail et la vie de famille, mais aussi entre notre nombrilisme social et la place de second violon accordé à nos enfants. Bien que la décision de rester à la maison 6 mois de plus s'avère une évidence, certains choix s'imposaient.  Remettre à plus tard l'achat d'une maison et réorganiser notre petit 3 et demi pour que notre fille puisse avoir sa chambre bien à elle et son espace de jeux.  Notre salon s'est converti en chambre des maîtres et le cabanon craquera bientôt sous la pression! Par ailleurs, j'ai la certitude profonde d'avoir fait le bon choix et lorsque nous trouverons notre maison de rêves, notre petit appartement restera un excellent souvenir de notre première année avec notre fille. Chaque moment passé avec elle est un don du ciel et je l'apprécie comme tel dès que j'entends son petit soupir lors de son réveil, quand elle se dépêche à attraper sa suce et son toutou préféré avant de se blottir dans mes bras. J'ai fait le choix de donner la vie, je fais aussi le choix de donner l'amour inconditionnel, le support, le réconfort et tout le temps dont elle aura besoin.  Le don de vie vient aussi avec la responsabilité, celle de s'assurer que notre enfant aura tout ce dont il aura besoin pour devenir un être humain accompli et heureux.  Si ce choix de vie nous apparaît trop lourd, peut-être devrait-il être remis en question? Mon retour au travail (j'ai arrêté de travailler, moi?) est prévu pour la fin septembre 2006.  Je demeure à l'écoute de mon cœur de mère qui saura me guider sagement vers la meilleure solution pour le bien-être de ma fille et le mien. Merci pour votre passion, votre fougue, votre courage, votre sincérité. Je n'ai pu que me sentir appuyée dans ce choix difficile et finalement justifié de le faire. Merci à vous. Une mère dans toute son âme.

G., Québec, 2006

 

Les vraies valeurs

Je ne peux qu’applaudir Mme Collard et M. Chicoine pour avoir eu le courage d’écrire sur ce délicat sujet.  Je suis à 100% d’accord avec leurs propos. Je trouve urgent de faire prendre conscience aux Québécois le sens des vrais valeurs. La famille, c’est important pour la survie d’une société. Et cela implique non seulement de faire es enfants, mais de leur montrer qu’on est prêt à s’en occuper, c’est-à-dire de passer du temps avec eux.  L’argument économique des parents qui disent ne pas avoir le choix de travailler tous les deux est une excuse un peu trop facile, dans bien des cas… J’ai trop d’exemples autour de moi d’enfants qui se trompent la fin de semaine et nomment leur maman par le nom de leur éducatrice…

Isabelle Robillard, La Presse, Montréal, le mardi 28 mars 2006

 

La déresponsabilisation générale de notre société

Les raisons économiques soulevées par quelques-uns ne tiennent tout simplement par la route comme prétexte pour mettre ses enfants sur la voie de garage que sont les garderies.  Avoir des enfants n’est et ne devrait jamais être lié au confort économique.  Avoir des enfants est une décision qui doit aussi comporter la responsabilisation de l’acte.  Je suis resté à la maison par choix pour élever nos enfants, nous tenions à ce que les valeurs qui leur seraient apprises soient les nôtres et non celles d’un système avec lequel nous ne sommes pas toujours d’accord. Nous étions loin de rouler sur l’or avec un seul salaire bien en-deçà de la moyenne nationale mais nos enfants ont grandi en famille. Cela en a fait des adultes épanouis et responsables socialement. Je considère que le système des garderies est un échec social et que tout cela fait partie de la déresponsabilisation générale de notre société.

La Presse, Montréal, le mardi 28 mars 2006

 

Canadian Child Care: Kids are the Issue, Not the Parents...

A friend of mine describes Stephen Harper as a “tactician” as distinct from a visionary. A case in point would be his “child care” program. It promises a $1,200 a year payment to parents with children under the age of six. It’s estimated there are more than 2 million children under the age of six in Canada so annual cost of the program will be at least $2.4 billion.


If one examines Mr. Harper’s speeeches and newspaper articles over the last few years, one might have called him a reactionary, at the very least a right wing ideologue who worshipped at the alter of American republicanism and subscribed to the notion of western separatisim. Remember the time he wrote to Ralph Klein prior to the 2004 election. Here’some of what he had to say then.


Withdraw from the Canada Pension Plan to create an Alberta Pension Plan offering the same benefits at lower cost while giving Alberta control over the investment fund. If Quebec can do it, why not Alberta?... Collect our own revenue from personal income tax… Resume provincial responsibility for health-care policy. If Ottawa objects, fight in the courts”. This is our Prime Minister.


Here’s what he thinks about healthcare.


"What we clearly need is experimentation with market reforms and private delivery options [in health care]." Stephen Harper, then President of the NCC, 2001. "It's past time the feds scrapped the Canada Health Act."- Stephen Harper, then Vice-President of the National Citizens Coalition, 1997.


His love of Canada is displayed proudly on his sleeve but something else escapes his mouth.


"Canada is a Northern European welfare state in the worst sense of the term, and very proud of it….I was asked to speak about Canadian politics. It may not be true, but it's legendary that if you're like all Americans, you know almost nothing except for your own country. Which makes you probably knowledgeable about one more country than most Canadians….[Y]our country [the USA], and particularly your conservative movement, is a light and an inspiration to people in this country and across the world." - Conservative leader Stephen Harper, then vice-president of the National Citizens Coalition, in a June 1997 Montreal meeting of the Council for National Policy, a right-wing American think tank.


The Conservatives so called child care policy may be good politics because it puts money in some people’s pockets but the program is bad public policy and it’s not a child care program. Do the math.

 

Assume a family received $1,000 after tax from the program. Assume a child needs day care 250 days a year. $1,000 would work out to $4.00 a day and that won’t buy anybody a baby-sitting service for more than an hour. That’s the economic equation.


Earlier this week, Quebec pediatrician, Jean-Francois Chicoine, the Doctor Phil of Quebec television unleashed a 520 page bombshell that says “too many parents parachute their kids into daycare at far too young an age”. IIn Quebec, there are some 51,000 kids, under the age of two in Quebec daycare centres. Some of them are there for 52 weeks a year about 60 hours a week. Dr. Chicoine argues that the best place for kids under two is with their parents.


He says that “at this time, it’s very important for a baby to get a lot of affection and form a sense of security”. He says that between the age of eight and eighteen months, babies learn to trust people other than their primary caregivers but no more than five of them at a time.


In daycare, a baby will encounter an average of 17 different caregivers.... During the summer it’s five or six a day”. Intuitively, one would have to agree with him. Ironically, the people who rely most on daycare are the ones at greatest risk – blue collar families who work long hours and struggle to get by on two little incomes.


In an earlier column, I mentioned that in the last federal election, the Government of Canada signed five year agreements with all ten provinces that would see the investment of $1 billion a year in early learning and childcare. Under these agreements, the provinces would invest the federal money in regulated, early learning and childcare programs for children under the age of six. The principle requirement was that investments meet the test of quality, universality, accessibility and development.


If Dr. Chicoine is right, he opens a new daycare debate and drives a wedge between the Conservatives and the Liberals. The Conservatives would sacrifice the needs of children to the ideology of choice.


The Liberals will need to rethink their early learning philosophy, at least in terms of when it should start outside of the home. Parents will have to balance their economic choices with the best interests of their children. To compound the problem, Prime Minister Harper is now daring the Opposition in parliament to defeat his minority government over the daycare allowance. That may be fair in politics as are his efforts to enlist socially conservative groups to help sell his program but he crosses the line when he portrays those who believe the money would be better spent on the creation of new daycare spaces as “pie in the sky academics and researchers”. The issue is not about “day care” in the sense of nine to five baby-sitting. It’s about the proper care of infants and toddlers, first by their parents and then by trained supervised professionals.


Researchers have already established the link between early childhood learning and success in later life. Access to quality daycare, is no longer considered a luxury in Canadian society. It has become a right for working parents and their children. More importantly, their children are Canada’s future. A $1200 a year childcare allowance will not contribute much to that future.

W.E. ( Bill) Beliveau, Shediac, New Brunswick, april 29, 2006

 

Derniere révision: février 2014

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