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LE DEVOIR

L’impétueux désir d’enfanter

Par Amélie Daoust-Boisvert, journaliste

 

METRO MONTREAL

Procréation sans limites… ou presque

Par Annabelle Blais, journaliste,

 

LA PRESSE

Le désir d'enfant sous la loupe

Par Sophie Allard, La Presse

 

LIVRE: BÉBÉS ILLIMITÉS



PHOTO Quebec Amérique, 2012

 

 

BÉBÉS ILLIMITÉS

 

 

Complice avec son lecteur, utilisant la première personne du singulier, Dominique Forget ouvre avec lui la porte des cliniques, des laboratoires et de l'intimité des couples infertiles dans Bébés illimités : la procréation assistée… et ses petits. Elle consacre aussi beaucoup d’encre au vécu des couples de même sexe qui veulent devenir parents, aux mères porteuses qu’on oublie, selon elle, trop souvent, ou encore à l’adoption. Elle souligne tous ces phénomènes parallèles à la procréation assistée, comme ces dizaines de milliers d’embryons surnuméraires, figés dans le temps dans la noirceur d’un congélateur, attendant leur heure. Certains parents acceptent, mais le phénomène reste marginal, de les donner en « adoption » à des couples dont les gamètes refusent de créer la vie.


RADIO-CANADA
La procréation assistée vue par les livres
- Info
Par Jean-Philippe Cipriani
Plus on est de fous, plus on lit
Montréal, le 5 mai 2014


De plus en plus de Canadiens ont recours aux techniques de procréation assistée pour fonder une famille. Au Québec, où ces techniques sont accessibles gratuitement depuis août 2010, ce sujet fait débat depuis que l'animateur Joël Legendre a révélé que son conjoint et lui avaient eu recours à une mère porteuse dont le traitement est payé par l'État, un précédent pour un couple de même sexe. Jean-Philippe Cipriani suggère deux ouvrages pour mieux comprendre les enjeux de ce débat.


Références :
- Le corps-marché : la marchandisation de la vie humaine à l'ère de la bioéconomie, Céline Lafontaine, Seuil, 6 mai 2014.
- Bébés illimités : la procréation assistée... et ses petits, Dominique Forget, Québec Amérique, 2012.


LE DEVOIR

L’impétueux désir d’enfanter - Info

Par Amélie Daoust-Boisvert, journaliste

Le devoir, 12 mai 2012

 

Montréal, 2100. « Dans l’aile réservée à la maternité, au Centre hospitalier universitaire de Montréal, le silence est presque oppressant […] aucune salle d’accouchement n’a été aménagée. Elles sont devenues totalement inutiles. À leur place se trouvent d’immenses dortoirs où sont alignés des centaines d’utérus artificiels. »

 

Le désir d’enfant, cette impérieuse impulsion venue de nos entrailles, de notre cerveau programmé pour perpétuer l’espèce, mènera-t-il l’humanité vers la réalisation de ce scénario futuriste ?

 

Après une enquête de deux ans, un tour de « l’offre de service », de la science, mais surtout des motivations des femmes et des hommes qui poussent les portes des cliniques de fertilité dans l’espoir de fonder une famille, la journaliste scientifique Dominique Forget l’écrit, mais n’ose y croire. C’est son scénario extrême. « Qui sera prêt à se soumettre à tout ça pour choisir le sexe ou un enfant aux yeux bleus ? J’ose croire que ça va toujours demeurer une minorité. Entre concevoir un enfant sous les couvertures, quelque chose de romantique, et les pieds dans les étriers dans une clinique, si tu as le choix… »

 

Les traitements de fertilité sont souvent éprouvants pour le corps et l’esprit. Pour les couples infertiles, mais aussi les femmes seules et les couples de même sexe, ils sont l’espoir ultime de réaliser un rêve qui se bute à ce que la nature refuse d’accorder.

 

Complice avec son lecteur, utilisant la première personne du singulier, Dominique Forget ouvre avec lui la porte des cliniques, des laboratoires et de l’intimité des couples infertiles dans Bébés illimités : la procréation assistée… et ses petits. Elle consacre aussi beaucoup d’encre au vécu des couples de même sexe qui veulent devenir parents, aux mères porteuses qu’on oublie, selon elle, trop souvent, ou encore à l’adoption. Elle souligne tous ces phénomènes parallèles à la procréation assistée, comme ces dizaines de milliers d’embryons surnuméraires, figés dans le temps dans la noirceur d’un congélateur, attendant leur heure. Certains parents acceptent, mais le phénomène reste marginal, de les donner en « adoption » à des couples dont les gamètes refusent de créer la vie.

 

Avant même de se documenter sur les prouesses technologiques ou les enjeux éthiques, sociaux et psychologiques de la procréation assistée, Dominique Forget a rencontré des dizaines de femmes et d’hommes qui lui ont témoigné, souvent sans aucun filtre, leur expérience. Résultat : un récit humain aux airs presque romanesques, qui coule de source, à cent lieues du guide pratique ou de l’ouvrage scientifique destiné aux experts. Et qui pose toutes les questions qui s’imposent aux médecins, aux éthiciens, aux psychologues et autres experts.

 

Cet impétueux désir d’enfanter

Dans les romans d’anticipation tel Brave New World d’Aldous Huxley, ce sont les gouvernements qui entraînent l’humanité dans la reproduction aseptisée et en série. Mais le Québec, en 2012, est loin, et si proche à la fois, de ces scénarios inquiétants. À la différence notable que c’est le désir d’enfant, irrépressible et parfois sans limites, qui pousse les frontières des possibilités reproductives en mettant la technologie à son service.

 

« En fait, ce n’est pas tant le désir d’enfant qui me fascine, mais jusqu’où ce désir peut nous pousser », écrit Dominique Forget. Dans son appartement du centre-ville de Montréal où Le Devoir l’a rencontrée, pas de jouets ni de désordre. En introduction de Bébés illimités, l’auteure pose cette phrase comme un avertissement : « À 39 ans, l’horloge biologique aurait dû se mettre à sonner depuis longtemps. Le mécanisme doit être détraqué. […] C’est peut-être la raison pour laquelle le désir d’enfant, que je constate partout autour de moi, me fascine autant. »

 

Le désir d’enfant, parfois, se mêle à un désir de perfection, de performance. Après avoir fait le tour de la technologie déjà disponible qui permet à tant de familles de naître, Dominique Forget imagine cette pouponnière du CHUM du futur, où « le foetus qui repose dans l’incubateur 781 appartient à Camille et Thomas. C’est un garçon aux yeux verts et aux cheveux châtains. Il a été sélectionné pour devenir grand comme son père et intelligent comme sa mère. » « L’incubateur suivant renferme le futur bébé de Jules et Émile. Une petite fille qui, si tout se passe comme prévu, aura les cheveux frisés de son père et les longs doigts de pianiste de… son père. L’autre père, s’entend. Les deux papas ont combiné leur bagage génétique pour transmettre le meilleur de chacun à leur progéniture. »

 

Un genre à développer

Dans Bébés illimités, Dominique Forget exploite avec talent un genre trop peu souvent publié au Québec. Dommage que la couverture ne donne guère envie de plonger. Mais il faut oser : l’enquête journalistique, déjà, on en voit peu sur les tablettes. À saveur médico-scientifique, alors là… Plutôt que de se poser en experte pour transmettre un « savoir », elle s’immisce dans le microcosme de la procréation pour nous en ouvrir les portes, témoin sans jugement des prouesses et des émotions fortes qui s’y vivent. Elle s’inscrit là dans une tradition bien ancrée dans le monde anglo-saxon, et elle avoue d’ailleurs que des auteurs comme Mary Roach l’inspirent. « J’adore ce genre, dit-elle. Ça ne se lit pas comme un manuel scolaire. Ça éclaire sans être un livre pratique. Ça nous remet en question… Mais c’est tellement de travail et ça ne paie pas ! » Ceci expliquant cela, selon elle, dans un marché aussi petit que le Québec, on en publie peu. « Je me suis payé un trip, avoue-t-elle. Celui d’aller à fond dans un sujet. » Après Perdre le nord, publié chez Boréal en 2007, c’est son deuxième ouvrage.

 

2012, l’année Dominique Forget ? Après les prestigieux prix Justicia et Judith-Jasmin récoltés en 2011, celle qu’on lit généralement dans L’Actualité ainsi que dans toute une panoplie de magazines est la journaliste à récolter le plus de nominations aux Prix du magazine canadien. Dilemme, cette semaine : elle se demandait auquel, de ce gala torontois ou de celui de l’Association des journalistes indépendants du Québec, qui célèbre le même soir les talents des journalistes d’ici, elle assistera. C’est que l’un et l’autre pourraient honorer son talent.

 


METRO MONTREAL

Procréation sans limites… ou presque

Par Annabelle Blais, journaliste, en collaboration avec Maxence Knepper

Metro Montréal, Qc.

9 mai 2012

 

Don de sperme, don d’ovule, don d’embryon, fécondation in vitro, mère porteuse… faire des enfants n’a jamais été aussi complexe. Alors que les barrières des couples infertiles tombent les unes après les autres, Dominique Forget publie un essai, Bébés illimités, qui met en lumière les différents aspects de la procréation assistée.

Comment on fait les bébés?

 

La réponse est moins simple que celle à laquelle on s’attend, même si pour la grande majorité des couples, c’est encore la bonne vieille méthode traditionnelle. De 10 à 20 % des couples n’arrivent pas à concevoir de façon traditionnelle. Mais les chiffres sont contestés. Est-ce qu’une femme de 42 ans qui essaie d’avoir un enfant doit être considérée comme ayant un problème d’infertilité? Ce qui est certain, c’est que la demande a explosé dans les cliniques de procréation assistée, surtout depuis la gratuité au Québec [2010].

 

Vous dites être fascinée par le désir parfois aveugle des couples d’avoir des enfants. Est-on à une époque où l’on n’accepte plus l’infertilité?

De façon générale, on n’accepte plus d’être privé de quoi que ce soit. On est habitué de se procurer ce qu’on veut, quand on veut. C’est aussi un peu le revers de la médaille de la contraception. Les gens contrôlent leur fertilité, on peut décider exactement du moment où l’on veut avoir un enfant. Et quand ça ne fonctionne pas, le désir flambe. Ça devient un projet, puis une mission.

 

De plus en plus de clientes des cliniques de fertilité sont des femmes «trop vieilles»…
Je pense que je ne me suis jamais sentie aussi vieille qu’en faisant mes tournées de cliniques pour le livre. Fin trentaine, début quarantaine, c’est la dernière limite. Après, il faut faire appel à une donneuse d’ovules. Ça m’a étonnée. Déjà, à 37-38 ans, l’ovule est plus difficile à féconder et les chances de tomber enceinte chutent énormément. Ces femmes représentent environ 25 % des clientes, les autres ont de vrais problèmes médicaux.

 

Les cliniques de fertilité imposent-elles des limites?

Quand la gratuité a été instaurée, ça ne s’est pas accompagné d’une limite d’âge. Ce sont les cliniques qui en imposent une, soit 42 ans, car elles savent pertinemment qu’après ça ne sert à rien. Mais après cet âge, on peut avoir recours à une donneuse d’ovules et c’est couvert par l’assurance maladie si la donneuse est Québécoise. Nos cliniques acceptent les homosexuels, les femmes seules… il y a beaucoup de pays où c’est plus restrictif.

 

Il y a aussi beaucoup d’hommes qui sont stériles?

Oui et ça reste assez tabou. Depuis toujours, dans l’imaginaire collectif, on a toujours mis ça sur le dos de la femme. Dans les cliniques de fertilité, au moins 50 % des cas de couples infertiles sont attribuables aux problèmes d’infertilité des hommes. Et pourtant, sur les forums internet de couples infertiles, il n’y a jamais un gars.

 

Depuis 2010, la procréation assistée est gratuite. Qu’est-ce que cela a changé?

La loi a instauré la gratuité et en même temps a limité l’implantation d’embryon à un à la fois. Il y a donc beaucoup moins de grossesses multiples. La gratuité a aussi permis à des couples qui ne pouvaient se le permettre autrefois d’y avoir accès. Les professionnels dans les cliniques constatent que le profil socio-économique des couples a changé. Il n’y a pas que des couples de professionnels blancs dans la trentaine. Et ça, c’est vraiment bien. Par contre, ils constatent aussi que les gens sont maintenant un peu moins rigoureux dans le protocole. Alors qu’avant, quand tu payais 10 000 $ pour un traitement, tu le faisais.

 

Cette gratuité a aussi suscité la controverse?

Les gens ne voulaient juste pas payer, dans un contexte ou notre réseau de la santé est à bout de souffle. On manque de médecins de famille, les urgences débordent. Les gens se disent: «Est-ce qu’on va se payer le luxe de la fécondation in vitro?» L’opposition était surtout sur des questions économiques. La loi aurait pu aussi imposer des balises plus précises en mettant un âge maximum. Mais c’est très délicat politiquement de le faire, ce n’est pas pour rien qu’ils ne l’ont pas fait.

 

On peut avoir recours aux dons de sperme, d’ovule, d’embryon. Connaît-on bien les effets sur un enfant qui ne sait plus trop d’où il vient?

Pas tellement. Les enfants de ces donneurs commencent à se faire entendre. Il y a le cas d’Olivia Pratten, qui s’est rendue en Cour suprême de la Colombie-Britannique afin que les enfants de cette province nés grâce à un don de sperme, d’ovule ou d’embryon puissent connaître l’identité de leur géniteur. [L’affaire est maintenant en appel.] Ces enfants disent sentir un vide, ils cherchent leurs racines et ont une importante quête des origines. On commence à entendre la voix de ces enfants, et à partir de ce moment, si eux nous disent qu’il y a un impact, on ne peut pas prétendre qu’il n’y en a pas. Les géniteurs, une fois dans leur projet, ont parfois des œillères.

 

Il est aussi interdit de rémunérer les donneurs et les mères porteuses. Quelles sont les conséquences?
Il n’y a pas tant de conséquences, car on contourne la loi. Mais c’est hypocrite. Dans le cas des dons de sperme, les cliniques donnent des noms d’agences. Tu ne payes pas le sperme, mais les services d’agences qui l’achètent aux États-Unis. Il y a très peu de donneurs québécois parce que ce n’est pas rémunéré et c’est un processus lourd avec des tests médicaux et psychologiques. Pour les donneuses d’ovules et les mères porteuses, les gens se trouvent des donneurs sur l’internet, et la clinique ne pose pas trop de questions, même si une évaluation psychologique de la donneuse est faite.

 

Pourquoi ne pas adopter un enfant?

J’ai demandé à tous les couples que j’ai rencontrés s’ils avaient considéré l’adoption et tous m’ont répondu qu’ils préféraient avoir «leurs» enfants. Ils veulent un lien génétique ou au moins porter l’enfant. Les cas où il n’y a rien de tout cela sont rares. Au Québec, les gens qui adoptent doivent passer par la banque mixte, où les enfants sont en situation précaire et ont vécu des situations difficiles. Les délais pour l’adoption internationale sont maintenant très, très longs: cinq ans et plus. Les couples ont parfois l’impression d’être plus en contrôle en choisissant les donneurs ou la mère porteuse. Et avoir l’enfant dès sa naissance est important pour eux.

 

Qu’est-ce qui est ressorti de toutes vos visites de cliniques de fertilité au Québec?

On ressent beaucoup la dualité public-privé. On sent que le privé n’a pas envie de collaborer avec le public. Le privé considère que le public ne sera pas à la hauteur et que seul le privé pourra répondre à la demande. Le CHUM manque de ressources.

 

Et qu’est-ce qui est ressorti de vos rencontres avec ces couples qui ont eu recours à la procréation assistée?

Le désir d’enfant est très humain. Même si de loin on ne comprend pas toujours les choix. Mais c’est difficile de juger ce qui est acceptable ou non alors que le désir d’enfant est intrinsèque à l’être humain. J’ai rencontré des gens heureux, et des gens détruits par leur expérience quand ça n’avait pas marché.


 

LA PRESSE

Le désir d'enfant sous la loupe

Par Sophie Allard, La Presse

Montréal, le 8 mai 2012

 

Jusqu'où le désir d'enfants peut-il mener? La journaliste Dominique Forget a tenté d'élucider la question dans Bébés illimités - La procréation assistée... et ses petits, un essai qui sera en librairie demain. Le livre prend la forme d'une enquête fouillée sur la procréation assistée et les limites que certains parents n'hésitent pas à franchir. Vous croyez tout savoir de la fécondation in vitro (FIV)? Détrompez-vous.

 

Il y a 34 ans, en 1978, naissait le premier bébé-éprouvette, Louise Brown. Depuis, des millions d'enfants sont nés grâce aux avancées de la procréation assistée. Avec la gratuité des services au Québec, qualifiée de «bar ouvert» par certains commentateurs, on s'attend à ce que les cliniques québécoises réalisent 7000 cycles de FIV en 2015. On en faisait environ 2800 par année avant la loi du 5 août 2010.

 

Sans prendre position, la journaliste profite du contexte pour dresser un portrait de la situation au Québec, à travers des témoignages de parents et des avis d'experts, tout en exposant des situations extrêmes, vécues ici comme ailleurs. Le «supermarché du devenir parent» peut mener à tout.

 

«Ce qui m'a surpris, c'est jusqu'où les parents sont prêts à aller pour satisfaire leur désir d'enfant et jusqu'où les cliniques sont prêtes à aller pour les accommoder, dit Dominique Forget. Tout est ouvert, tout est possible. J'ai été touchée par l'histoire des couples que j'ai rencontrés. C'est difficile de les juger, ce sont des projets tellement personnels. Le désir d'enfant est humain. Mais, en même temps, il y a des risques de dérives.»

 

En aucun moment elle ne dit avoir été réellement choquée. Étonnée? Ça oui, et plus d'une fois. Pendant ses recherches commencées il y a deux ans, elle a appris que des couples américains donnaient «en adoption» des embryons en trop qu'ils avaient fait congeler. «Je ne savais pas non plus qu'aux États-Unis, il était aussi facile de faire la sélection du sexe.» D'autres histoires troublantes? Une grand-mère, mère porteuse pour sa fille et son gendre, a accouché de son petit-fils. Un couple homosexuel, qui a eu recours à une mère porteuse californienne, a demandé à ce qu'elle accouche par césarienne avant terme pour s'assurer d'être là au moment de l'accouchement. Une femme dans la cinquantaine a donné son utérus à sa fille (née sans l'organe). Ses futurs petits-enfants y croîtront. Des enfants «bébés-médicaments» naissent pour guérir un frère ou une sœur malade.

 

«La population ne soupçonne pas jusqu'où ça peut aller. La plupart des gens se contentent d'un essai ou deux et ne vont pas plus loin. Le recours à des mères porteuses et à des donneuses d'ovules reste marginal», indique Dominique Forget.

 

Au Québec, on a réglementé en août 2010. Depuis, on ne peut implanter plus d'un embryon chez les femmes de moins de 36 ans. «En prévenant la prématurité, on prévient les troubles d'apprentissage et les maladies graves qui y sont liés. Il était essentiel de réglementer pour protéger les familles et les enfants», souligne le Dr Jean-François Chicoine, pédiatre à l'hôpital Sainte-Justine, qui a dirigé l'ouvrage.

 

Il reste encore à faire. Les stimulateurs ovariens (gonadotropines), qui peuvent être prescrits par n'importe quel médecin, continuent d'être la cause de nombreuses grossesses multiples et, du coup, de réductions de grossesse (avortements sélectifs). Puisque les donneurs d'ici ne peuvent être rémunérés, il y a pénurie, et on doit importer la semence des États-Unis et... la payer. Certains ont recours à des mères porteuses à l'extérieur du Québec, aussi loin qu'en Inde. Et comment se portent les bébés dans tout ça? Au pays, il n'existe aucun registre qui permettrait de suivre l'état de santé des enfants nés de la FIV.

 

«La procréation assistée est un sujet très complexe. Ce livre nous apporte des connaissances qui nous permettent de mieux comprendre le débat public, dit le Dr Chicoine. Ça ouvre la porte à des débats éthiques importants. Les enjeux sociaux permettent à la science de se remettre en question.»

 

Les questions éthiques et morales sont d'ailleurs nombreuses dans un univers qui s'approche drôlement de la science-fiction. À quand la procréation dans des utérus artificiels? À quand l'apparition d'une classe d'humains génétiquement améliorés? À quand la transformation de cellules souches d'un homme en ovule qui pourrait être fécondé par le sperme de son conjoint?

 

«Jusqu'où nous mèneront les technologies de la procréation assistée? Aussi loin, semble-t-il, que le désir d'enfant saura les pousser, conclut l'auteure. Et le désir d'enfant, ai-je découvert, du moins chez certaines personnes, ne semble pratiquement pas avoir de limites. Les technologies de procréation assistée ont déjà transformé nos familles, souvent pour le mieux, quelques fois pour le pire. À plus ou moins long terme, elles pourraient bien transformer l'humanité.»

 

 

FICHE TECHNIQUE "BÉBÉS ILLIMITÉS"

 

 

 

 

BÉBÉS ILLIMITÉS : LA PROCRÉATION ASSISTÉE ET SES PETITS — Dominique Forget (auteur), Jean-François Chicoine, pédiatre (Préface) — Rémi Baril (Direction de projet pour : Le monde est ailleurs) — Martine Podesto (Direction de projet pour : Éditions Québec Amérique), Jean-François Chicoine (Directeur de la collection) — Collection "La santé du monde"— Éditions Québec Amérique, Montréal, Québec, Canada (Édition) 2012, ISBN : 978-2-7644-0948-0, 256 pages


 


 

 

 

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