Nos réalisations

 

Publications & communications

 

NOUVELLE UNION VICTORIAVILLE

Le pédiatre politique

Par Hélene Ruel, journaliste

23 octobre 2007

 

CONFÉRENCE: LA PREMIÈRE ENFANCE

Association Parents Ressource des Bois Francs


Photo LMEA Chaises hautes au resto , Boston 2010

 

 

 

NOUVELLE UNION VICTORIAVILLE

Le pédiatre politique

Par Hélene Ruel, journaliste

23 octobre 2007

CONFÉRENCE: LA PREMIÈRE ENFANCE

Association Parents Ressource des Bois Franc

 

Le pédiatre Jean-François Chicoine n’a pas besoin de porter la bannière d’un parti pour faire de la politique. Après avoir, précise-t-il, décliné les invitations des trois principaux partis du Québec à joindre leurs rangs, il a décidé de profiter de ses études, de ses recherches, de sa longue expérience de médecin ici et ailleurs dans le monde pour faire de la politique… de la politique familiale, pourrait-on dire.

 

Devant un auditoire de quelque 160 personnes invitées par l’Association Parents-ressources des Bois-Francs, le coauteur (avec la journaliste Nathalie Collard) du récent ouvrage Le Bébé et l’eau du bain, le bouillant pédiatre a livré une conférence d’un peu plus de deux heures.


Il l’a terminée en se prêtant généreusement à une séance de questions, offrant trucs et conseils, parfois rigolos, pour permettre aux parents de «reprendre le pouvoir» sur leurs enfants, de chasser le «terrorisme» de la maisonnée – moins disponibles, les parents se laissent trop «contrôler» par leurs enfants -. Il a aussi révélé les secrets de la recette du «coin de la mauvaise humeur» pour inviter les enfants au calme.


En quatre lettres, NASA, il a résumé les quatre éléments nécessaires au bon «décollage» d’un enfant : nature, affection, structure (discipline) et aventure (l’adolescence).


Sa conférence portait essentiellement sur les stades de développement de l’enfant, surtout sur la construction de son sentiment de confiance et d’attachement, processus qui s’élabore entre son 8e et son 15e mois. «Ce que vous êtes affectivement aujourd’hui, c’est à cet âge que vous l’avez réalisé.»

 

La garderie idéale

Et c’est parce que beaucoup de l’avenir de l’enfant se joue à cet âge qu’il se montre si critique à l’endroit des garderies. Elles ont été conçues pour servir les besoins des parents, pas des enfants, dit-il. Les bébés y sont, selon lui, placés trop précocement (avant 18 mois) à une époque de leur vie où ils s'occupent à développer cette fondamentale relation de confiance au monde. Quatre ou cinq figures d’attachement seulement devraient leur être offertes à cet âge.

Pour des parents devant travailler à l’extérieur, l’idéal serait de confier le poupon à une gardienne à la maison ou encore dans un service de garde en milieu familial «de bonne qualité» précise-t-il. Mais, a-t-il ajouté ironiquement, on sait que «c’est facile à trouver»!


Aujourd’hui, au Québec, déplore-t-il, les parents sont presque forcés de se mouler dans le couloir menant aux centres de la petite enfance, de les y laisser cinq jours par semaine «pour ne pas perdre leur place».


Les journées à la garderie sont trop longues, dénonce aussi le médecin de 50 ans. En Suède, a-t-il dit, les garderies ne s’ouvrent que six heures par jour.


Le docteur Chicoine invite les parents à convaincre les employeurs d’écourter leur journée de travail pour pouvoir «profiter» de leur enfant, 9 heures et 15 heures étant, dans le quotidien d’un bébé, ses deux meilleurs moments de la journée.

 

Socialiser et éduquer

Il est faux de prétendre, selon le pédiatre, qu’un enfant doit être placé en «garderie» pour «socialiser» avec les autres enfants. «Aucun enfant ne s’ennuie en bas de deux ans», a-t-il affirmé.

Les bébés ne sont pas «empathiques», tout au plus sympathiques à l’égard d’un autre qu’ils voient pleurer… de peur de subir le même sort. Un enfant ne commence à «profiter» de la compagnie des autres qu’à l’âge de deux ou trois ans.


Malgré ses critiques du système des centres de la petite enfance, il fait l’éloge des éducatrices, revendiquant pour elles la parité salariale avec les profs. «Pourquoi ne les paie-t-on pas comme les enseignantes?»


Il a aussi cité l’exemple de la Suède pour dire qu’au Québec, on s’empressait d’embrigader les enfants à l’école. Là-bas, c’est à huit ans que les enfants entreprennent leur cours primaire.

De façon générale, le pédiatre ne recommande pas de devancer l’entrée à l’école pour les enfants. Avant 7 ans, un enfant a besoin de jouer, de donner libre cours à son imagination et à sa créativité, précise-t-il. D’ailleurs, la maternelle ne devrait pas s’attarder à «éduquer» l’enfant, plutôt à le socialiser, distingue Dr Chicoine.

 

Un discours féministe

En revalorisant le travail des mères, le docteur Chicoine estime tenir un discours «féministe». Dans les premières semaines de la naissance, la figure de la mère importe au nourrisson. Il connaît déjà sa voix et, parce qu’il tète son sein, il peut voir son visage à vingt centimètres, explique le pédiatre, précisant qu’il ne croit cependant pas à l’«instinct maternel».

 

Le père peut participer plus directement à partir de la sixième semaine après la naissance, le nourrisson étant alors capable de distinguer sa voix.


S’il critique parfois vertement les garderies et le système scolaire, le docteur Jean-François Chicoine soutient qu’on est chanceux au Québec de ce congé parental d’un an. «En France, il faut retourner au travail après quatre mois seulement.»


Il a beau croire que la relation de confiance se bâtit très tôt dans la vie d’un enfant, le pédiatre de Sainte-Justine dissipe les inquiétudes de ces parents qui, pour toutes sortes de raisons (deuil, séparation, déménagement, maladie), n’ont pu privilégier ces premiers moments. «Il y a possibilité de récupération», a-t-il expliqué.


Il a conclu sa conférence en souhaitant que l’on remette l’enfant, la famille, au cœur des préoccupations de la société québécoise. «On a des enfants pour se faire plaisir, pour les inscrire dans la famille, pour transcender la mort», a-t-il déclaré en conclusion.


Il s’est prêté à une séance de signatures de son récent ouvrage, s’exclamant chaque fois qu’une jeune maman lui parlait de ses deux ou de ses trois enfants! «Ça procrée à Victo!», disait-il chaque fois.

 

Retour